Full text: Les origines historiques des problèmes économiques actuels

94 LES ORIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES 
vembre 1553, Christophe Dawntesey {°) écrit au Conseil que 
les Fugger, ayant récemment fourni 100.000 ducats à l’Em- 
pereur, n’ont pas de fonds pour la reine tant qu’ils n’ont pas 
reçu d’Espagne les lettres de change qu’ils attendent jour- 
nellement. Leur concurrent Lazare Tucher a consenti à prêter 
50.000 ducats (équivalent de 100.000 florins), remboursables 
le 1 novembre 1554 à 13 % ; il a promis, si d’autres de- 
mandes ne lui viennent pas d’AHemagne, de fournir encore 
100.000 florins dans les huit jours. Gresham, le 18, n’a pas de 
peine à démontrer que ces fonds, remis le 30 et en réalité 
prêtés pour onze mois, reviennent en réalité à 14 %, tandis 
qu’une politique plus habile et à décisions plus rapides au- 
rait permis d’obtenir 12 ou 11, et qu’avant l’arrivée de Dawn- 
tesey on empruntait à 10 %. 
La dette portugaise se montait, en 1552, à 3 millions de 
ducats, faisant 300.000 d’arrérages annuels, et destinés à s’ac- 
croître dans les années suivantes. Le 20 décembre 1553, 
Gresham dépeignait ainsi la situation de la place dans une 
lettre au Conseil privé (*) : 
La Bourse d’Anvers est étrange… Un jour il y a abondance d'’ar- 
gent, et le lendemain plus rien, car il y a tant de gros preneurs 
et livreurs que si l’un ne veut pas, un autre veut. Fugger et 
Gaspar Schetz sont sans argent, et on ne peut rien faire de bon 
avec eux pour le moment, car l'Empereur leur doit environ 
300.000 livres. 
Au mois de mars de l’année suivante, la situation du Trésor 
espagnol s’était encore aggravée, comme en témoigne une 
lettre désespérée de don Philippe à son père (?) : pour l’année 
courante et la prochaine, le déficit est de 3.135.000 ducats, 
« lesquels on ne sait d’où ni comment se pourront trouver, 
parce que l'argent des Indes, en raison des lettres de changes 
qui sont assignées sur lui, reste indisponible pour plu- 
sieurs années ». Et Philippe de faire mélancoliquement le 
compte de ce qu’il doit aux banquiers, notamment aux Fu- 
cûres, Ces terribles embarras, qui troublaient les nuits de 
l’empereur malade, ne sont probablement pas étrangers à la 
résolution qu’il prit d’abdiquer. 
(L) Calendars, n° 104. 
@) 17 mars. Document cité par Lareuesma (Estudios, à. II, p. 142) dont 
la thèse est cependant favorable à l’administration financière espagnole.
	        
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