66 LES ORIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES
trionales qui en ont besoin le trouvassent avec un égal avan-
tage en l’un et l’autre royaume » (*). Mais Olivarès n’a yas
exécuté les engagements pris (1627-28). Aussi Richelieu en
1637 écrit à Longueville : « Si vous aviez pu prendre les salines
de Bourgogne, c’eût été une bonne affaire ; mais ce qui ne
peut se faire en une fois se fera une autre. » Et si les Bernois
étaient hostiles à la conquête de la Comté par la France, c’est
en partie parce qu'ils voulaient garder leur liberté d’approvi-
sionnement. Aussi Louis XIV aura-t-il soin, après l’annexion,
de maintenir tous les traités relatifs au sel et même d’aug-
mienter les livraisons. Lorsque nous admirons, À Versailles, la
superbe tapisserie qui rappelle le renouvellement de l’alliance
séculaire, n'oublions pas que derrière les pompes de Notre-
Dame, il y a une réalité très prosaïque, la question du sel.
Elle ne disparaîtra jamais des rapports entre l’ancienne mo-
narchie et les cantons. En particulier la question du sel com-
tois se retrouve à la fin du xvir° siècle, jusque dans les papiers
de Barthélemy. Pour s’assurer des appuis chez les Helvètes,
la République française doit prendre'à son compte la vieille
politique royale du sel.
La question du sel a sa place dans le Système continental :
le sel est à cette époque la matière première de la soude.
Lorsque les ministres du Consulat et de l'Empire envoient des
enquêteurs s’informer des ressources économiques de la Hon-
grie, leur attention se porte sur le sel. Et le sel est aussi un
des éléments que l’on recherche dans les Provinces illy-
riennes. La question du sel, et notamment du combustible né-
cessaire aux salines de Lorraine, joue son rôle en 1815 dans
les négociations relatives à la Sarre, car, écrit Bœcking, le
gendre de Stumm, « les provinces allemandes sont tributaires
de la France pour le sel ».
Nous ne pousserohs pas plus loin cette étude. Nous vou-
drions seulement inviter les érudits des divers pavs — à la
(*) Ricnenrev, Mémoires, t. VIII, p. 122. Les éditeurs renvoient aux
Archives des Aff. étrangères, Espagne, t. XV, fos 131, 1382 et 152 où celte
affaire est traitée. Giorgio Zorzi (Relazioni degl’ ambasciatori veneti,
Aiberi, Francia. t. IT) signale en 1627 l'importance du sel francais de
l'Océan.