RÉFLEXIONS SUR L'HISTOIRE DES BANQUES 83
Elle est en rapports étroits avec l’Oostindische Kompagnie ;
elle est la face financière, comme l'autre est la face commer-
çante de la République ; à elles deux, elles feront d’Amster-
dam, durant plus d’un demi-siècle, la capitale économique
de la planète. La royauté des rixdales ct des leeuwendaalders
a précédé celle de la sterling. Mais ces monnaies, qu’on re-
cherche sur les marchés lointains, en Pologne, en Moscovie,
aux Indes et jusqu'en Chine, que l’on se procure par lettres
de change, ne circulent guère en HoHande, pays débordant
d’or où tout se règle par un jeu d’écritures (*). C’est à l’instar
d’Amsterdaimn que se crée la banque de Hambourz, célèl.re
par son secret, par le « silence inviolable » des teneurs de
livres. C’est sur ce modèle que l’on souhaiterait d'en créer
d’autres à Paris, à Londres.
Le problème reste encore obscur pour la France. Si l’abso-
lutisme de l’Etat et le développement de la vénalité des offices
ont nui à l’utilisation commerciale des capitaux, les banquiers
n’en sont pas moins nombreux ; mais, comme le remarque
Savary, la banque est d'ordinaire inséparable du trafic d'im-
portation et d’exportation des marchandises ; il n’y a guère,
remarque-t-il, que les étrangers qui fassent le pur commerce
de l'argent ). « L’on sait, écrit-on encore en 1731, que le
sieur de la Rue, outre son négoce, faisant la banque, est obligé
d’avoir sa maison à Rouen et une à Paris (*). »
Sous ces réserves, que d’études à faire ! On connaît encore
bien insuffisamment le rôle des banquiers du Trésor, les de
Meuves, les Hoggers, les Samuel Bernard, ces successeurs des
anciens partisahs qui ont permis à Louis XIV de faire des
guerres, de bâtir Versailles, de pensionner les savants et les
artistes, d'acheter le roi Charles IT et aussi les chefs de l’op-
position parlementaire, bref d’être le Roi-Soleil et. dans les
(1) M. Posthumus a recueilli les bulletins, indiquant le cours du
change, qui étaient publiés en Hollande. Il y aurait lieu de rechercher
ceux qui peuvent se trouver dans les archives françaises .Æ=n 1697 (cité par
A. SÉLIGMANN. La première tentative d’émission fiduciaire, p. 160), le con-
trôleur général recommande de « faire venir deux fois par semaine l’im-
primé d’Amsterdam qui fixe le change de toutes les places de l’Europe ».
(2) « Il n’y a presque que les Etrangers qui fassent le commerce d’ar-
gent en France sans faire celui de marchandises. » Savary préfère d’ail-
leurs les banquiers-marchands, parce qu'il reste nn actif liquide en cas
de faillite.
{34 Dans Drcnanme. otv. cité.