92 LES ORIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES
des recherches ailleurs, à Gênes, dont le rôle est si considé-
rable dans l’organisation financière de la monarchie espa-
gnole, dans d’autres villes italiennes, en Angleterre, au nord
et à l’est de l’Europe, sans parler d’une utilisation plus com-
plète des sources françaises.
Nous n’avons pas fait ces recherches. Notre ambition n’est
pas d’ajouter rien d’essentiel aux faits rassemblés par Ehren-
berg, mais seulement, autant que faire se peut, de rendre le
raractère et de retracer l’allure du phénomène.
Au début se trouve une crise d'inflation. Nous ne parlons
pas seulement du fait bien connu de l'inflation métallique et
monétaire, mais d’une inflation de crédit. Il nous est impos-
sible, dans l’état actuel de nos connaissances, de savoir dans
quelle mesure il y eut alors excès dans la concession de crédits
AUX négociants, et en général inflation du crédit privé. Mais,
pour le crédit public, aucun doute n’est possible, surtout en
ce qui concerne les deux grandes monarchies qui occupent
alors le devant de la scène, France et Espagne, auxquelles il
faut ajouter au moins l’Angleterre.
Les preuves surabondent. Si nous interrogeons l’histoire de
la monarchie espagnole, nous constatons d’abord qu’au mi-
lieu du xvr° siècle la grande opération de l'élection impériale
n’élait pas encore liquidée. Quelques efforts qu’aient faits
certains historiens modernes pour réhabiliter la politique
financière de Charles-Quint, elle semble avoir été surtout une
politique d’emprunts (*), emprunts aux banquiers pour des
sommes énormes, développement des juros, c’est-à-dire des as-
signations annuelles sur les revenus de l'Etat. Il y a anticipa-
tion à la fois du rendement des taxes fiscales et de l’arrivée es-
pérée des trésors du Nouveau Monde comme des produits mi-
niers du sol espagnol lui-même. Cette politique est aguravée
st en partie expliquée par la hausse des prix qui sévit en Es-
pagne plus tôt qu’ailleurs (au moins vers 1540-1550) et par
l’atonie de l’économie espagnole.
La situation devint particulièrement grave en 1552, lorsque
l'Empereur songea à reprendre Metz qui venait d’être occupée
rt r
(*) Voy. la discussion de R.-B. Mernian, Spanish Empire, t. III, p. 189
et suiv.