Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

LES CLASSES RURALES EN OCCIDENT 117 
l’esclave s’est même avili au point de tomber en 725 pour 
des enfants et des femmes entre 12 et 15 sous d’or. En 
Irlande, une femme esclave adulte vaut trois vaches lai- 
tières. Toutes les catégories sociales qui ont accès à la 
propriété du sol : rois, grands, évêques, clercs, moines, 
hommes libres possèdent des esclaves. C’est même un 
avantage que d’être esclave du fisc (fiscalinus) ‘ou d’un 
domaine d’Église (servus ecclesiasticus), parce qu’à cette 
qualité s’attachent une certaine considération et quelques 
avantages. La condition de l’esclave est d’abord restée 
fort dure, puisqu’il n’a pas de personnalité civile, qu’il ne 
possède pas de famille légale, qu’il n’est le maître ni de sa 
femme, ni de ses enfants, ni de son pécule, qu’il est assi- 
milé à l'animal, et qu’à une époque barbare, il est l’objet 
de traitements qui font frémir l’humanité. Mais peu à peu, 
sous l’influence des nécessités économiques qui font qu’on 
attache plus de prix à sa vie et à son travail, sous l’action 
des maximes de charité évangélique que professent les 
élites religieuses, l’esclavage s’adoucit. La vente des 
esclaves est réglementée ou prohibée; leur vie est garantie 
parla loireligieuse ou civile, leur personnalité spirituelle est 
reconnue, puisqu’on les admets au sacerdoce, et leur valeur 
morale est rehaussée puisqu’ils sont proclamés fils du même 
Dieu que leur maître, appelés comme lui aux récompenses 
ou aux châtiments de la vie future. Le mariage de l’esclave 
est reconnu, de même que certains de ses droits familiaux. Il 
acquiert un commencement de statut civil. Tl accède à la 
propriété mobilière, puisqu’on lui reconnaît la faculté de 
de posséder un pécule. On lui assure le repos dominical ; 
on enseigne aux maîtres les devoirs de charité envers lui. 
Le plus grand nombre des esclaves sont devenus à cette 
époque des cultivateurs (servi rustici, mancipia, amcillae, 
operarii, massarii), ou des ouvriers agricoles. Les uns, 
groupés en équipes, travaillent la réserve du propriétaire. 
ou soignent son bétail. Ce sont les esclaves non casés. Le 
plus grand nombre au Ix® siècle et au x° siècle, appelés
	        
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