LES CLASSES RURALES EN OCCIDENT 119
paysan (rusticus) deviennent. en général synonymes. Les
renures ou manses coloniques, lidiles, serviles, d’abord dis-
tinguées les unes des autres, finirent par s’unifier, parce
qu’elles furent soumises aux mêmes charges, redevances,
services, corvées, et que leurs tenanciers furent astreints
aux mêmes obligations, sous la même autorité (mundium,
patronage), celle du propriétaire (dominus), seigneur et
maître. En dehors de toute loi, par la seule force de la
coutume, par le seul stimulant de l’intérêt qui poussait
les détenteurs du sol à allotir leurs domaines en parcelles,
pour mieux les mettre en valeur au moyen de la petite
culture, le servage devint la condition prédominante
des habitants des campagnes. Chaque serf reçut une
tenure appelée de divers noms suivant les pays, ici, hoba,
hufe, hide, là, manse, mas, meix, d’une étendue variable,
atteignant en Gaule et en ‘Germanie 10 à 30 hectares,
étendue nécessaire pour nourrir une famille. Le grand
domaine arriva à se morceler progressivement en tenures
rustiques. L'abbaye de Saint-Germain-des-Prés en ecomp-
tait au IX° siècle 1.646, le grand domaine de Marengo en
Italie 1.300, ceux de Bobbio en renferment de 30 à 3.000;
suivant les régions, et le nombre des cultivateurs d’une
surtis italienne put varier de 20 à 6.500. Chaque famille
rurale se composait en moyenne de 4 à 5 personnes. Le
manse lui-même diminue d’étendue à mesure que pro-
zresse la petite culture.
Le cultivateur y réside avec les siens dans sa
maisonnette ou cabane (casa), au milieu des terres
de labour, des vignes, des prés qu’il exploite, à portée
des bois et des pâturages, dont l’usage lui est concédé.
Une association est ainsi formée entre le capital et le
travail, entre le propriétaire et l’exploitant, où chacun
trouve son avantage. Le propriétaire assure au cultiva-
teur la jouissance d’une terre qui permet à celui-ci de
subsister et de faire subsister les siens. Il concède aux
hommes de son domaine des droits d’usage dans ses bois