196 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
prescrivent de ramener les fugitifs enchaînés et leur
infligent des châtiments sévères. De là aussi ces vengeances
sournoises, revanches du faible contre l’oppresseur, ces
empoisonnements, ces meurtres individuels, que les dois
cherchent en vain à prévenir. De là enfin, ces associations
secrètes, confréries, gildes, stellungen, prohibées par l’auto-
rité, où s’organisent des mouvements séditieux, et ces
jacqueries rurales qui éclatent de tous côtés en Italie, en
Gaule, en Frise, en Flandre, en Saxe, à intervalles irrégu-
liers, du vrrr® au IX° siècle. Alors, des bandes de serfs et
de serves, celles-ci plus cruelles que les hommes, assaillent
les domaines seigneuriaux, pillent, incendient,. torturent,
massacrent sans discernement et sans pitié, jusqu’au
moment où une répression atroce ramène pour quelque
temps l’obéissance. Une fermentation sourde, traversée
d’accès subits de fureur et suivie de longues prostrations,
travaille ce monde rural pour lequel le servage n’est qu’une
étape provisoire vers la liberté et vers lè mieux être, ces
aspirations éternelles, si lentes à se réaliser, des masses
populaires.