188 L'APOGÉE DÜÙ TRAVAIL MÉDIÉVAL
troubadour au commencement du xu° siècle, est (pour
un gentilhomme) de voler et de piller. »
L’action des nouveaux gouvernements féodaux et des
monarchies centralisatrices sur le travail, du XI° au XIVe
siècle. — Ainsi, tant que le régime féodal fut tout-puis-
sant, l’ordre, ce besoin élémentaire d’une société, manqua
pour stimuler le progrès du travail. Étrangers à la notion
d’une véritable administration économique, les féodaux
enlevaient au travail toute possibilité d’amélioration ou
d’émancipation durable. C’est seulement lorsque de grands
États féodaux centralisés se constituèrent, à côté des
monarchies renaissantes, que le moyen âge s’orienta vers
un avenir meilleur. Dès le x1° siècle, en Normandie, en
Aquitaine, ‘en Anjou et en Flandre, puis dans le comté
de Barcelone, les marches de Brandebourg et d’Autriche,
surgissent du monde féodal lui-même des gouvernements,
qui reprennent, de concert avec les monarchies de France,
d’Allemagne, d'Angleterre, de Navarre, de Castille,
d’Aragon et des Deux-Siciles. la tradition de l’État suprême
justicier, défenseur de l’ordre et des intérêts publics. De
grands politiques et de grands administrateurs, tels que
Guillaume le Conquérant, Henri II Plantegenet, Philippe
Auguste, Saint-Louis, Henri II et Henri III d’Allemagne,
Frédéric Barberousse, Frédéric II de Souabe, Roger II de
Sicile, Alfonse VII et Jaime Ier d’Espagne, rétablissent
les cadres d’une administration civile et militaire forte,
s’efforcent de réduire la puissance abusive de la féodalité
et de faire prévaloir l’intérêt des groupes nationaux sur
celui des individus ou des groupements locaux. Partout
ils cherchent d’abord à rétablir l’ordre, en décrétant ce
que l’on appelle, ici la paix du due, comme en Normandie,
là, comme en Flandre et en Catalogne, la paix du comte,
ou comme en France, en Allemagne, en Castille ou dans
les Deux-Siciles, la paix, du roi. Ils font des efforts répétés
pour limiter, puis pour interdire les guerres féodales on