L'ESSOR DU COMMERCE 217
monopoliser le commerce avec la Russie et à drainer une
large part de celui de l’Asie centrale. Vénitiens et Génois
accumulent d’énormes richesses, grâce à ce commerce,
dont elles abandonnent en maugréant une part aux Pro-
vençaux, aux Languedociens et aux Catalans, depuis le
milieu du x11° siècle.
Le progrès du commerce à l'ouest et au centre de
l’Europe. Les puissances commerçantes. — A ouest
et au centre de l’Europe chrétienne, l’Espagne, la France
occidentale, les Pays-Bas et l'Allemagne se taillent
une place grandissante parmi les puissances commer-
çantes. Les relations commerciales prenaient une am-
pleur jusque-là inconnue dans ces régions, soit par la
voie de terre, soit par la voie de mer. Le flot ininterrompu
des marchands s’écoulait par deux grandes routes inté-
rieures de trafic. Celle du Pô, des Alpes et du Danube
mettait en relations Gênes et Venise avec Vienne, Augs-
bourg, Nuremberg et Constance, tandis .que celle du
Rhône et de la Saône unissait l'Europe méditerranéenne
et le Levant, par les places de commerce de Champagne,
de l'Ile-de-France et des Flandres, avec l’Europe occiden-
tale, et même, par la Meuse et la Moselle, avec les pays
rhénans. Les routes maritimes de l’Atlantique, si peu fré-
quentées pendant le haut moyen âge, s’animent au grand
avantage des ports de Galice et de Biscaye, qui exportent
du sel, des vins, des huiles, du plomb, de Pétain, du fer en
Occident, et surtout au bénéfice des ports français, de
Bordeaux. qui renaît au XI1° siècle, en mâme temps que
se développe Bayonne et que se fonde la Rochelle ;
Nantes, Rouen, Honfleur, Dieppe, s’enrichissent, comme
elles, par le trafic avec les Iles Britanniques et les Pays-
Bas. Le sel, les blés, les vins, le miel, les fruits, les laines,
le chanvre, le lin, la cire, les toiles françaises s’échangent
activement contre les laines, les peaux, les cuirs bruts, les
guifs, les viandes salées, le cuivre, le plomb, l’étain britan-