L’ESSOR DU COMMERCE 219
routiniers. Les ateliers industriels, travaillant désormais,
non seulement pour le marché local, mais encore pour
les marchés régionaux et nationaux, parois même inter-
nationaux, développent leur activité. L'industrie subit
l’impulsion du commerce qui lui fournit les capitaux, les
matières, les commandes, les débouchés, qui y stimule
l'esprit d’entreprise et y provoque la division du travail.
Une puissance nouvelle naît et grandit, celle du capital
mobilier, qui transforme la nature des échanges et la cir-
culation des produits, qui substitue à l’économie naturelle
l’économie monétaire, qui donne aux relations économiques
une souplesse, une variété, une ampleur extraordinaires,
qui permet, par l’accumulation des bénéfices commerciaux,
la constitution, le renouvellement, l’accroissement inces-
sant de richesses aisément mobilisables et susceptibles
de revenus élevés. Elle va ouvrir la voie à des formes
économiques supérieures à celles de l’économie féodale,
d’abord à l’économie urbaine, puis à l’économie nationale.
En même temps, elle provoque l’avènement des classes
marchandes et industrielles qui deviendront les rivales et
parfois les égales des anciennes classes féodales. C’est grâce
à ce fécond mouvement que les ouvriers et les paysans,
devenus les instruments indispensables du progrès écono-
mique, vont prendre conscience de leur force et acquérir
la liberté. La transformation économique et sociale de
l’Occident chrétien est pour une large part la conséquence
de la révolution commerciale qui se déclare et qui accélère
sa marche à partir de la fin du xI° siècle.