230 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
appartiennent au domaine du petit atelier, se multi-
plient et se divisent à l’infini dans les villes. La meu-
nerie. pullule dans les campagnes, grâce à la- généra-
lisation du moulin hydraulique, auquel, depuis le x11°
siècle, s’ajoute le moulin à vent. Dès 1086, on recense rien
qu’en Angleterre 5.000 moulins à eau, et au xmT° siècle,
dans la seule banlieue d’Ypres, 120 moulins à vent. Dans
les centres urbains, les corporations des bouchers, des
boulangers, des pâtissiers, des rôtisseurs et une foule
d’autres du même genre deviennent des associations nom-
breuses et puissantes. I’Italie produit déjà pour l’expor-
tation des pâtes alimentaires et du biscuit de mer ; la
Catalogne, la Galice, l’Angleterre, les Pays-Bas, des salai-
sons ; les Flandres et l’Angleterre, de la bière. Les premières
fabriques de sucres, de conserves de fruits et de sirops
s’organisent, à l’imitation de celles des Arabes, en Italie
méridionale, en Provence, en Andalousie et en Espagne
orientale.
Essor des industries textiles en Occident. — Pour les
industries des tissus, de l'ameublement, de la décoration
où d’art, l’Occident devient le rival et bientôt l’heureux
vainqueur de POrient. La conquête de ce grand domaine
industriel commence par la fabrication des lainages.
L’Italie ‘y acquiert la primauté, au détriment - de
Byzance, à laquelle elle enlève le monopole de la produe-
tion des tissus de laine fine. Dès le xrre siècle, Milan y
emploie, dit-on, jusqu’à 60.000 ouvriers ; une confrérie
célèbre, celle des Umiliati, y encourage ce travail, qui
se propage à Venise, à Bologne, à Modène, à Vérone.
Dans cette dernière ville, en 1300, on fabrique jusqu’à
30.000' pièces de draps, outre les bas et les bonnets.
Lucques, Sienne, Pise, Palerme, Naples organisent à
leur tour des ateliers, que distancent bientôt ceux de
Florence, où l’art de Calimala avait commencé au XIr° siècle
à donner l’apprêt aux draps importés d’Occident. et où