LA RENAISSANCE AGRICOLE 293
tures industrielles. Celle de la canne à sucre est tentée
en Sicile, en Espagne et en Provence, celle de l’anis et du
cumin réussit en Aragon, en Catalogne et en Albigeois.
Dès lors est née la célébrité des houblons de Rhénanie et
de Bavière. La Normandie, les Pays-Bas, la France du
Nord se sont mises à cultiver pour les besoins de Péclairage
et de l’alimentation les plantes oléagineuses. Partout, en
Occident, dans les meilleures terres, on a développé la
culture des plantes textiles, du lin et du chanvre, aussi
bien en Allemagne et en Angleterre, qu’aux Pays-Bas, en
France, en Espagne, dans la Haute et la Basse-Italie. En
Sicile, en Calabre, en Basilicate, on a essayé d’acclimater
le coton du Levant et l'indigotier. On a réussi en Italie
méridionalé et en Espagne orientale à enlever à POrient
le monopole de la culture du mûrier et de l’éducation du
ver à soie. En Bourgogne, en Normandie, en Espagne,
s’est développée la production du chardon à carder, et
dans les terres profondes de la Haute-Italie, de la France
méridionale et septentrionale, des Pays-Bas et de l’Alle-
magne, celle des plantes tinctoriales, guesde ou pastel,
garance et safran, qui enrichit spécialement nos provinces
d’Aquitaine, les pays de « cocaîgne » d’Albigeois et de
Lauraguais.
Les résultats de la grande colonisation agricole de l'Occi-
dent. Le progrès de la prospérité matérielle et du peuplement
rural. — Le magnifique effort déployé par les élites et par
les masses rurales de l’Occident ne resta pas infructueux.
La mise en valeur du sol de l’Europe chrétienne a été le
résultat de cette colonisation qui est l’un des principaux
titres d'honneur du moyen âge. Elle a contribué à trans-
férer aux pays occidentaux l’hégémonie économique, que
l’Orient avait jusque là possédée, et à leur donner une pros-
périté sans précédent, supérieure même à celle de l’époque
romaine. La majeure partie de l’Italie et de l’Espagne
est alors parvenue à un haut degré de richesse dans le