Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

CONDITION DES CLASSES RURALES 317 
parfois à l’entrepreneur une partie du cheptel, des semences 
et de la main-d’œuvre pour la moisson et les battages ; il 
devait une indemnité de plus-value, si le fermier avait 
notablement amélioré le sol. Bailleur et preneur ne s’enga- 
gèrent que pour une durée limitée, un an, deux ans, trois 
ans, mais la plupart des baux à ferme, dans l'intérêt de 
l’un et de l’autre, variaient de six ans à vingt-neuf ans, 
par multiples de trois ans,’ qui correspondaient aux asso- 
lements triennaux. 
L'association agricole ou métayage et les métayers. — 
En même temps que le contrat de fermage et que la 
classe des fermiers, apparurent le contrat de métayage 
et la classe des métayers. Le système de l’association libre 
et temporaire entre le cultivateur et le propriétaire réser- 
vait au premier la Libre disposition de son travail à l’expi- 
ration de la convention, au second la libre disposition de 
sa terre, à tous deux le partage équitable des produits, 
sans forfait aléatoire. Ce mode d’exploitation (mezzadri«) 
et cette classe naissent en Toscane et en Italie centrale 
au XII° siècle, et se propagent au centre ou au nord de 
la péninsule, dans les deux siècles postérieurs. On les 
retrouve en Provence, en Catalogne, en Roussillon, aux 
mêmes époques, puis dans le France du centre et de 
l’Ouest, en Normandie, où on emploie le métayage pour 
les défrichements, en Flandre dès 1220, ainsi que dans 
le pays de Trèves et dans toute la région rhénane. 
Ce système permit à des paysans pauvres, dépourvus 
de tenure ou soucieux de ne pas aliéner leur liberté 
par un séjour indéfini sur la terre, d’utiliser leurs bras en 
participant pour une part déterminée à la jouissance du 
sol. Le propriétaire leur fournit le capital foncier, le 
cheptel, les semences, les fumiers, les foins et les pailles, 
les frais d’entretien des bâtiments, la moitié des dépenses 
de la moisson, des battages et du vannage. Le métayer 
donna sa main-d’œuvre. soigna le bétail, acquitta des
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.