LES RÉSULTATS GÉNÉRAUX 343
siècle, rien que dans les campagnes, et elle atteignit dans
six évêchés de la Suède en 1320 le chiffre de 384.000
habitants. Une foule de nouveaux villages (thorpe) se
créèrent à côté des anciens (by), indépendamment des
fermes isolées (gaards) et des chalets (sätters). Les masses
rurales scandinaves, dont la vie était simple et grossière,
paraissent avoir joui jusqu’au xrve siècle d’une certaine
aisance et de libertés locales assez étendues. La vie de
famille y resta puissante ; les associations de tout ordre,
religieuses, -charitables, économiques, s’y multiplièrent.
Sans arriver au même développement que l’Occident, la
Scandinavie, comme l’Europe orientale, parvint, sous
l’influence bienfaisante de la civilisation latine, germa-
nique et chrétienne, à un degré de prospérité, qu’elle n’avait
pas connue à l’époque barbare et dont elle ne devait même
pas connaître l’équivalent à l’époque moderne.
CONCLUSION DU LIVRE SECOND
L'histoire du travail peut compter au nombre de ses
périodes capitales les trois siècles et demi du moyen
âge, pendant lesquels ont été accomplis quelques-uns des
progrès les plus remarquables qui aient transformé les
sociétés humaines. L'œuvre, de l’ancienne Rome elle-
même et de toute l'antiquité avait été dépassée. Le monde
barbare avait été conquis à l’est, au nord, au centre et à
l’ouest de l’Europe, et civilisé par l’action combinée du
christianisme et de la nouvelle civilisation occidentale.
Après le premier âge féodal, temps d’arrêt nécessaire pour
organiser la structure militaire de la société médiévale et
pour la préserver du retour offensif des invasions ; après
deux siècles, où la caste aristocratique et cléricale avait
monopolisé la propriété du sol, généralisé le vilainage et
le servage et fait peser sur les populations rurales le joug