352 LA FIN DU MOYEN AGE
l’industrie et le commerce à l’observation de règlements
de fabrication et de vente. Il intervient au besoin pour
interdire les coalitions patronales, les ententes et les
monopoles, les syndicats et les confréries ouvrières, pour
taxer les ‘salaires et les produits. Ainsi s'affirme, dès lors,
une sorte de socialisme d’État inconscient qui multipliera
ses manifestations au cours de la période moderne.
Non moins soucieux du progrès des échanges que de
selui de la production, le pouvoir monarchique montra
un zèle plus ou moins efficace pour assurer leur sécurité.
Il encouragea ‘par des privilèges la formation des associa-
tions commerciales, telles que celles des merciers grossiers
et des marchands fréquentant la rivière de Loire en France,
ou des Staplers ot des Merchants Adventurers en Angle-
terre, ou des Hanséates en Allemagne. Partagés entre les
préjugés aristocratiques et l’intérôt national, les princes,
tantôt interdisent aux nobles de se livrer au commerce,
tantôt, comme nos Valois, les y autorisent. En général,
ils ont si bien senti la puissance de la classe marchande,
qu’ils ont eu souvent recours à elle pour l’associer au gou-
vernement. Ils entrevoient une politique commerciale, dont
Îls ne distinguent pas nettement encore les principes et
l'orientation. Ils ont compris la nécessité d’organiser for-
tement le crédit, et cependant ils cèdent aux préjugés popu-
laires et aux suggestions surannées du droit canonique,
en prohibant à l’occasion le prêt à intérêt, confondu avec
l’usure, et en prenant contre les Juifs ou les Lombards des
mesures de rigueur intermittentes.
Ils devinent parfois, comme l’ont montré Charles V, les
Plantagenets d’Angleterre et les ducs de Bourgogne, les
avantages de la stabilité des monnaies, et cependant il
leur arrive de céder aux tentations décevantes de l’an-
cien fiscalisme, en essayant de retirer des ressources de
l’altération des espèces métalliques, comme le fait Jean
le Bon à dix-huit reprises en une seule année. En géné-
ral, ils ont essayé de réaliser l’unité monétaire, d’empê-