LES CRISES DU DERNIER SIÈCLE MÉDIÉVAL = 353
cher l'exportation des métaux précieux et du numéraire,
de réglementer le change, de mettre un peu d’ordre
dans le chaos de l’économie féodale. De même, ils ont
tenté de décréter l’uniformité des poids et des mesures,
notamment en France et en Angleterre. Ils ont vu la
nécessité de la réfection et de l’amélioration des voies
terrestres ; ils ont fait de la construction et de l’entretien
des routes une des prérogatives essentielles du pouvoir
central. Ils ont favorisé la navigatior. intérieure, les
compagnies de transports fluviaux, porté la hache dans
la végétation touffue des péages seigneuriaux, conçu la
première idée de services publics des ponts et des chaus-
sées, et même, en Italie, en Allemagne, en France à la
fin du moyen âge, inauguré des postes et des message-
ries publiques.
D'ailleurs inexpérimentée et hésitante, la politique
commerciale monarchique cherche sa voie entre la pro-
hibition, la protection, les privilèges et les monopoles d’un
côté, la liberté et la concurrence de l’autre. Toutefois, si
l’intervention de l’État dans le mécanisme des échanges
reste minutieuse et tracassière, incohérente et contra-
dictoire, elle à eu le mérite de favoriser la création et la
prospérité des marchés et des foires, de la marine mar-
chande et militaire, d’ouvrir les débouchés extérieurs par
des traités de commerce, d’aider au développement du
trafic international, d’attirer les marchands étrangers, de
donner aux relations commerciales une impulsion féconde.
La crise du peuplement en Europe, ses causes et ses effets.
— L’économie nationale ne put néanmoins porter tous ses
fruits, au milieu de la crise politique et sociale dans laquelle
se débattait alors l’Europe, et à laquelle s’ajouta une crise
aiguë de peuplement. Celle-ci eut pour causes les mas-
sacres provoqués par les grandes guerres qui ensanglan-
tèrent la chrétienté, les ravages des compagnies de brigands,
les excès du fanatisme religieux. Les famines reparurent
BOISSONNADE.
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