RÉVOLUTIONS ET CLASSES URBAINES 401
celles où prévalent les anciens systèmes de culture variée
qui exigent beaucoyp de main-d’œuvre. Les tenanciers
censitaires libres en arrivent dans diverses parties de la
France à exploiter les cinq sixièmes du sol et en Angle-
terre le tiers. Il est rare qu'ils n’aient pas obtenu des condi-
tions avantageuses, qui leur assurent, avec les diverses pré-
rogatives de la liberté civile, la plupart des droits de la
propriété utile, tels que ceux d’aliénation et de succession,
tout en limitant leurs prestations. leurs corvées et leurs
charges.
Mais, même en Occident, se produit une évolution
sociale et économique qui leur est en partie défavorable.
D’une part, en effet, à la faveur des troubles, les proprié-
taires, clercs, seigneurs, bourgeois essaient d’aggraver les
obligations des tenanciers, ou de leur retirer les garanties
et avantages concédés, au point de les menacer d’une
rechute dans le vilainage ou le servage. D’un autre côté,
ils enièvent aux vilains la stabilité dont ceux-ci avaient
joui. En effet, la substitution de la culture pastorale à la
polyeulture, celle du métayage, du fermage, du faire valoir
direct à l’ancienne méthode des accensements, l’appro-
priation des biens communaux par les grands proprié-
taires qui les enclosent (système anglais de l’enclôture),
toutes ces pratiques nouvelles contribuent à rendre moins
indispensable le concours des tenanciers censitaires. Ils
deviennent même bientôt génants pour tous les détenteurs
de grands domaines qui cherchent à accroître leurs revenus
et à diminuer leurs frais de main-d’œuvre. Aussi tra-
vaille-t-on à les évincer, à profiter de leurs embarras, de
l’inexécution des clauses de leurs contrats, de même que
de leur appauvrissement ou de leur désertion, pour leur
reprendre la tenure. Dans tout l’Occident, un nombre consi-
dérable de tenanciers censitaires, ainsi privés de la jouis-
sance de la terre qu’ils cultivaient, vint grossir les rangs du
salariat et du prolétariat agraire, notamment en Angle-
terre. Moins heureux encore, une foule d’autres, dans les
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RoIissoNNADE.