Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

BYZANCE, LA RÉORGANISATION DU TRAVAIL 45. 
paysans. Il a fait dresser des cadastres minutieux (bré- 
viaires, polyptiques). Sa fortune s’enfle sans répit. Si elle 
est parfois employée à soutenir des œuvres utiles de propa- 
sande religieuse, de charité, de progrès scientifique et artis- 
tique, elle l’est plus souvent encore à favoriser le luxe ou 
l’oisiveté d’une caste, qui argue des règlements de son 
état pour fuir le travail manuel. Elle fortifie de plus le 
fanatisme et la soif de domination d’un corps qui tend à 
former un Etat dans l’Etat, en se soustrayant cependant 
aux obligations fiscales et militaires de la population 
civile. Les meilleurs empereurs, les Isauriens et les Macé- 
doniens, aperçurent si bien le péril, qu’ils s’opposèrent 
avec vigueur à l’extension de la grande propriété ecclé- 
siastique, interdirent aux particuliers de transmettre 
teurs biens aux clercs et aux moines, reprirent à ceux-ci les 
domaines usurpés, leur défendirent l’acquisition de nou- 
veaux immeubles, essayèrent de soumettre leurs propriétés 
aux charges communes, en laïcisèrent une partie pour les 
distribuer sous forme de bénéfices militaires. L'État 
byzantin maintint intaët le principe, d’après lequel l’Église 
n’était que la dépositaire provisoire de la fortune foncière 
qu’elle détenait, et le droit de puiser à son gré dans cette 
réserve pour subvenir aux nécessités publiques. Mais dans 
la pratique, soucieux de ménager une puissance aussi 
redoutable, il laissa souvent le champ libre aux entre- 
prises du corps ecclésiastique, si bien que celui-ci accapara 
la majeure part du territoire. Ainsi se constituèrent ces 
grands domaines, tels que ceux des 62 couvents de Byzance, 
de ce monastère Neamoni qui compta 500 moines et qui 
détint le cinquième de Chio ; de celui de Patmos qui posséda 
toute l’île de ce nom, outre des terres en Crète ; des trois 
fameuses communautés monastiques de l’Athos, enrichies 
par tant de dons ; de la célèbre abbaye du Mont Cassin, 
dont les possessions s’étendirent en Italie méridionale et 
dont l’abbé fut l’égal des princes de Bénévent, de Capoue 
et de Spolète. Les domaines d’Église furent de vastes
	        
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