Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

BYZANCE, LA RÉORGANISATION DU TRAVAIL 49 
la culture, l'intelligence, les aptitudes politiques. Ils 
vivaient volontiers, en dehors de leur service de cour et de 
guerre, au millieu de leurs domaines, entourés de leurs 
vassaux et de leurs soldats, surveillant de haut le travail 
de leur peuple de laboureurs et de serfs, entourés d’une 
nombreuse domesticité. Dans leurs résidences, moitié 
palais, moitié forteresses, décorées avec goût, amples, 
de bel aspect, munies de vastes appartements et de gyné- 
cées, réservés aux femmes, ils pratiquaient une large hos- 
pitalité. Ils y étalaient le luxe de leurs vêtements ornés 
de broderies, de leurs trésors d'orfèvrerie, de gemmes, 
d’émaux, de soieries précieuses, de leur table abondante, 
de leurs écuries garnies de beaux chevaux et d’équipages. 
Ils aimaient les plaisirs de l’intelligence autant que ceux 
de la chasse et des voyages, aussi bien que les émotions 
de la guerre et que l’orgueil du commandement. Au 
demeurant, ce fut une classe admirablement douée à 
laquelle il ne manqua que la franchise du caractère, la 
tenue morale et l’esprit de droiture. 
La petite noblesse vivait aussi dans ses domaines ruraux, 
de moyenne et de petite étendue, garnis d’un médiocre 
cheptel. Elle les faisait prospérer elle-même, secondée par 
quelques serviteurs, grâce à son âpre labeur et à sa sévère 
économie. Les gentilshommes campagnards, dont le type 
est ce Cecaumenos qui nous a laissé de si curieux Mémoires, 
n'étaient pas rares en Orient. Ils avaient une nombreuse 
famille ; ils aimaient la terré avec passion ; ils en tiraient 
de beaux revenus. « Fais du blé, du vin, du bétail », disait 
le sage Cecaumenos, et tu seras heureux. » Ils avaient peu 
de goût pour la vie de cour. Ils trouvaient dans l’existence 
familiale, dans l’exploitation de leur rustique domaine, 
dans la pratique des solides vertus, de la piété et de la 
charité, leurs véritables satisfactions. C’est à l’ensemble de 
cette classe aristocratique, haute et petite noblesse, qu’ap- 
partenait, après celle de l’Église, la principale action 
sociale. 
BOISSONNADE.
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.