88 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
rattachent les souvenirs des défrichements exécutés et
des villages créés, dont les noms attestent encore l’origine,
C’est par centaines, par milliers que s’organisent les centres
agricoles autour de ces grandes abbayes, telles que Mont-
majour et Aniane, Saint-Guilhem du Désert et Moissac,
Solignae et Charroux, Saint-Maixent et Ansion, Saint-
Benoît-sur-Loire et Saint-Mesmin, Saint-Wandrille et
Jumièges, Saint-Riquier et Corbie, Luxeuil et Remi-
remont. La Gaule du Nord et la Burgondie, l’Alamanie,
la Franconie, la Souabe sont colonisées sous la direction
de pieux missionnaires, Amandus, Eligius, Colamban,
Gall, Emmeran. Les monastères, Saint-Omer, Saint-Ber-
tin, Saint-Bavon, Saint-Pierre de Gand, Elnone, Saint-
Trond, Stavelot, Malmédy, Prüm, Echternach, Saint-
Hubert, Murbach, Wissembourg, Haguenau, Reichenan,
Saint-Gall, Kempten, Ebersberg, Friessen, Saint-Pierre
de Salzbourg et bien d’autres ont été les premiers centres
de grande colonisation agricole dans ces régions. Dans la
vieille Germanie païenne, convertie. par Winfried (saint
Boniface) et ses disciples, le rôle des moines a été encore
plus actif. Là, autour de Fulda, de Fritzlar, d’Hameln,
d’Erfürth, de Marbourg de Corvey et des autres monas-
tères s’est vraiment organisé le travail de défrichement
du sol germanique. La colonisation monastique, unie à la
colonisation officielle, civile et militaire, a porté jusqu’à
l’Elbe, au Danube, à la mer du Nord. les limites de la
sulture.
La participation des grands propriétaires, des hommes
libres et des pionniers paysans à la première colonisa-
tion. — Elle a d’ailleurs été vigoureusement secondée par
Y’effort des grands propriétaires qui, surtout à l’époque caro-
lingienne,recherchent dans le défrichement du sol unacerois-
sement de la valeur et du revenu de leurs domaines. Plus
féconde encore fut dans cette œuvre la participation
obscure, mais tenace de légions de petits propriétaires