P Èmes É ROBLÈMES ÉCONOMIQUES D’AUTREFOIS ET p’ausourb'auI 5 T{T Seconde cause d'erreur, seconde raison qui nous empêche de voir l’identité foncière entre les faits économiques de notre lemps et ceux du passé : il existe, entre les uns et les autres, de prodigieuses différences de volume et de masse. Werner Sombart a comparé le volume entier du commerce d’un port allemand durant une série d'années du début du xvr° siècle avec le chargement d’un seul de nos grands transatlantiques. I a épuisé les traits d’une raillerie facile sur Joseph Kramer, l’un des richissimes marchands d’Augsbourg, qui envoyait Son facteur tout exprès à Venise pour y acheter quoi? seize sacs de coton ! Assurément, il est difficile d’établir une comparaison entre les flottes de Philippe ou d’Élisabeth, avec leurs navires jau- geant 300, 500, exceptionnellement 800 tonneaux, et un seul de nos Léviathans qui en déplace plus de 50.000 ! Qu'étaient- Ce que ces cargaisons de précieuses épices que l’impatience de tout un monde attendait à Lisbonne et qu’Anvers allait distri- buer à travers l’Europe? Pas même le stock de poivre qui dort dans un seul de nos grands entrepôts de Marseille ou du Havre, pas même la quantité de sucre produite par une seule de nos grandes usines picardes, tchèques, prussiennes. Encore au xvn° siècle, lorsqu’a lieu, à Lorient ou à Nantes, Une vente de la Compagnie française des Indes, c’est une manière de petit événement commercial qui attire en foule les négociants de Paris, de Lyon, de Tours, d'Orléans et d’ail- leurs, mais aussi les commissionnaires des étrangers, Hollan- dais, Flamands, Espagnols, Portugais, etc. Or, qu’y met-on en vente, par exemple en 1785? Pas même 500.000 kilos de cafés de Moka et de Bourbon, pas beaucoup plus de 400 kilos de tabac, 1.700 pièces de guinée bleue, 6 pièces de mousse- line. La plupart des autres étoffes originaires de l’Inde sont représentées par quelques centaines de pièces, simples paco- tilles de matelots. C’est cependant, ne l’oublions pas, sur ces chiffres modestes que se sont édifiées les fortuhes dont les superbes hôtels nantais nous gardent le vivant souvenir. C’est avec le produit de ces ventes que les Nantais allaient acheter