16 LES ORIGINES HISTORIQUES- DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES glais a pour effet de réduire, pour parler le langage modernu la marge disponible pour l'exportation. Même lorsque le coton fait son apparition en Angleterre lorsque l’on commence à y tisser avec cette autre « laine ». c’est ainsi qu’on l’appelle, qui pousse sur la terre et qui vient de Perse, la question se pose pour le cotton wool, pour lë « laine de coton », comme pour la laine des toisons. Le roi, soucieux de se procurer de l’argent par tous les moyens, ayant mis un droit d'entrée sur ce textile mal connu, les marchands protestent qu’on va ruiner le Lancashire et le Cheshire si l’on y crée — le mot apparaît déjà — une famine du coton une dearth of wool, laine étant ici pour coton. . A côté des textiles figurent les matières. tinctoriales. Le pastel, ou guède, constituait pour la France du Sud-Ouest un précieux monopole. C’est sur le pastel que se sont édifiées les fortunes toulousaines: Lorsque nous admirons aujourd’hui les superbes hôtels de la Renaissance qui font de cette cité une des plus belles villes d’art de la France, n'oublions pas que ces palais de pierre et de brique, d’un caractère si original. ont été bâtis par des.exportateurs de pastel. À mesure que progressait la draperie anglaise, la flotte du pastel prenait. dans nos relations avec l’Angleterre, une part presque égale à celle de la flotte des vins, du claret bordelais. Il s’agissait parfois de 200.000 balles, valant 1.500.000 écus, qui descen- daient la Garonne sur des gabares pour le compte des Assézat ou des Bernuy. A Bordeaux, leurs correspondants gascons parmi lesquels figure un Eyquem, le grand-père de Mon- taigne, les chargent pour Anvers, pour l'Angleterre, pour l’Ecosse. Grosse émotion lorsque ce monopole pouvait être ébranlé par l’apparition d’un succédané, d'un Ersatz. Dans une lettre adressée en 1578 à un marchand toulousain par un de ses correspondants à Anvers, nous lisons cette phrase in- quiète : « Les teinturiers de drap usent pour le présent plus que la moitié de l’anil de Barbarie et de l’indigo de Portugal qui fait un grand mal à pastel. » Aussi cherche-t-on à inter- dire et à -décrier ces matières nouvelles. Plus curieuse, plus piquante est l’histoire de l’alun. Ce mordant, indispensable alors pour la teinturerie, était un pro- duit levantin, donc, depuis la conquête turque, un produit musulman. Or, huit ans seulement après la prise de Constan-