30 | LES ORIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES Comme de pos jours, le problème monétaire s’est imposé à l'opinion sous la forme la plus propre à frapper les masses- à savoir la hausse des prix. C’est sous cet aspect que les con- temporains ont perçu, par exemple, ce que nous appelons la révolution économique du-xvi° siècle. Sur ce fait même de la crise des prix, il n’y a pas de doute possible. Tous les témoignages concordent. Rappelons-en quelques-uns au hasard. Ch. du Moulin, que sa pratique du métier d'avocat d’affaires avait rendu familier avec ces pro- blèmes, écrit que le boisseau de blé de rente, après s’être lenu aux environs de 120 livres jusqu’en 1524, est monté au milieu du siècle à plus de 140 ; car, dit-il, depuis 1524 « les prix de toutes choses ont commencé à hausser non pas mo- mentanément, mais d’ûne façon constante ». En 1539, à Sé- govie; les Cortès de Castille déclarent que le salaire des audi- teurs, à savoir 120.000 maravédis, est devenu insuffisant : « selon les temps d’aujourd’hui, c’est très petit salaire pour pouvoir s’en sustenter conformément à leur autorité ». Dès 1525, les employés à salaire fixe se plaignaient, et en 1560 on double leurs salaires. En 1555 les Cortès de Valladolid n’avaient-elles pas reconñu que lés prix avaient triplé depuis le temps où l’on avait taxé les divers services du royaume? Les pétitions n’établissaient-elles pas que le cuir avait monté de 100 %, que les chaussures, en 1560, étaient plus chères que n’était autrefois tout un costume? La taxe du blé, sur les marchés de Castille, est de 110 maravédis en 1503, de 240 déjà en 1539, de 310 en 1558, de 374 en 1571, de 476 en 1582, pour monter à 810 en 1600. En ramenant à 100 la valeur au début du xvr® siècle, cela nous fait un nombre indice de 556 pour la fin. On a discuté, on peut discuter encore sur les points sui- vants : à partir de quelle date la hausse a-t-elle commencé? à partir, de quelle date le mouvement, d’abord assez lent, s’est- il précipité? Y a-t-il synchronisme dans l'apparition du phé- nomène pour les divers pays? Y a-t-il un certain parallélisme êntre les courbes de chacun de ces pays? Enfin les causes des phénomènes sont-elles les mêmes partout? Aux csuses générales est-ce que ne viennent pas s’ajouter des causes lo- cales, par exemple, pour l’Espagne, une diminution de la pro-