50 LES GRIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES miyslique de ses cérémonies, les cannes et les rubans du tou! de France, les rixes entre « devoirs » rivaux. Ils n’ont pas vu l'essentiel, à savoir que les compagnonnages, confréries oppo sées aux confréries patrohales et condamnées au secret, on! pour objet constant de s'emparer du monopole du placement C’est contre ce monopole que luttent les maîtres et les muni- cipalités. Ils profitent du mystère inquiétant des cérémonies compagnonniques pour mettre dans leur jeu l'Eglise. La cé- lèbre compagnie du Saint-Sacrement n’a pas seulement ob- lenu de la Sorbonne, en 1655, qu’elle condamnât les compa- gnonnages comme une institution impie, elle a essayé de les ruiner par le dedans, en constituant des compagnonnages à la fois soumis à l’Eglise et au patronat. Devant ces associa- tions de + bons » compagnons, devant ces « cabales des dé- vots » ouvrières, les mots très modernes de Notre-Dame-de- l’Usine, de syndicats jaunes, nous viennent à l’esprit. C’est qu’entre les compagnonnages libres et les syndicats il y a plus de rapports qu’on ne pense. Mise à l'index des maisons récal- citrantes, chasse aux renards, etc. Au raste les lois qui, en France et en Angleterre, s’oppo- sèrent longtemps à l’évolution syndicale, c’étaient les vieilles lois contre le compagnonnage. La loi le Chapelier de 1791, où l’on voit une sorte de manifeste de la pensée économique, n’est qu’une mesure de circonstance, fabriquée sous la me- nace d’une insurrection de compagnons, faite de pièces qu’on alla chercher dans l'arsenal de l’ancien régime : l’une des plus anciennes était un article de l’édit de Villers-Cotterets de 1539, promulgué contre les compagnons imprimeurs en grève. Au reste, s’il est bien vrai que la Révolution française fu£ avant tout une révolution paysanne, les ouvriers y ont joué un rôle qu’on a longtemps méconnu. Par suite de l’organi- sation des métiers, on a trop peu de cahiers de corporations, et il est encore plus rare que ces cahiers contiennent les plaintes des compagnons. Ecoutez cependant les doléances des marins d'une petite paroisse bretonne dénonçant les « capita- listes avides » qui ont accaparé l’appât nécessaire à la pêche. A trois reprises ils emploient ce mot dans le sens même où nous l’employons aujourd’hui. Dirai-je que dès lors l'association ouvrière dépasse parfois le cadre national? Les documents ne nous permettent de l’af-