LA CRISE FINANCIÈRE EUROPÉENNE DE 1559 93 par les Français. Il envoya en Espagne Je banquier anversois Schetz pour se procurer les 600.000 ducats qu’il devait payer de décembre à mars 1553. ‘Mais l’infant don Philippe ne put remettre à l'envoyé de son père que 58.666 ducats immédia- tement disponibles auxquels s’ajouteraient : 400.000 à prendre sur les premiers galions attendus (mais après paiement d’une assignation de 100.000 ducats déjà consentie aux Fugger et de 50.000 déposés par des particuliers au titre d’un emprunt forcé à la Casa de contratacion) ; 122.000 sur la ferme des Maeztrazgos, non pas pour l’année courante, déjà absorbée -omme la suivante, mais pour les années 1555-58, plus 199.333 sur la bulle de croisade pour les années également à venir 1555-1557 ()... L'empereur continuait donc à manger son blé en herbe, à emprunter pour payer ses emprunts. Gaspar Schetz revient avec ses 400.000 ducals assignés sur les arri- vages des Indes, plus deux lettres de change, faisant un total de 350.000 ducats (il fallait prévoir le paiement des intérêts) en faveur des Fugger et des banquiers ilaliens Gentili et Cattaneo. Il était entendu que si le métal n’arrivait pas avant mai 1555, ou si (car on s’y attendait déjà) if avait reçu d’ici là un autre emploi, on leur verserait à la Pentecôte leurs du- cats espagnols sur le taux non plus de 62, mais de 70 gros de Flandres. En fait, les flottes de 1554 et 1555 ne purent fournir que 40.000 ducats, en raison d’autres emplois, et on offrit aux banquiers, pour le reste, des juros. Ils refusèrent cette conso- lidation forcée, et s’en prirent à Schetz. Dès lors, on imagina une série d’expédients qui, sous cou- leur de reculer la banqueroute, devaient finalement l’aggra- ver. Anvers regorgeait de papier, obligations du toi, du gou- vernement des Pays-Bas, des provinces, des villes. De son côté le roi des Romains, Ferdinand, avait emprunté comme son frère : de 1547 à 1555 il contracta des emprunts flottants pour % millions un tiers de florins, plus de nouvelles dettes pour la guerre Lurque. Aussi était-il difficile de placer le papier des nouveaux em- prunteurs, par exemple celui de la reine Mary (). Le 10 no- (1) Chiffres donnés par Ehrenberg, t. II, p. 147 et suiv. (2) Calendars : Foreign, n° 69. Voy. n° 71, 83, 104