LE MONDE BARBARE 13 miel des abeilles, faire paître son bétail sous la garde du berger communal. Chacun pouvait faire saillir ses vaches ou ses juments par le taureau où l’étalon commun, user de l’abreuvoir, des puits, du sentier de la communauté. Les prairies encloses au printemps et divisées en autant de lots qu’il y avait de familles, étaient livrées à là vaine pâture après la fenaison; au profit du bétail de tous les membres de la marche. Les meilleuresterresréservées à la culture étaientréparties en bandes longitudinales (gewanne) d’égale valeur, groupées en trois soles (blés d’hiver, blés de printemps, jachères). On lesallotissait annuellement ou périodiquement entre les fa- milles. Un savant quia fait de eette question une étude ap- profondie, pense que chaque communauté de village com- prenait 10 à 40 exploitations familiales qui recevaient chacune en moyenne par voie de tirage au sort 15 hectares, de sorte que la superficie totale des terres cultivées de chaque communauté villageoise s’élevait à 500 hectares et que chaque lot comprenait des parcelles des trois soles. Au-dessus de la communauté de village s'étaient parfois créées des fédérations ou centaines (Markgenossenschaften) qui, sur un territoire de 100 à 400 kilomètres carrés, grou- paient 16 à 120 familles pour la jouissance en commun des terres communes non alloties. La propriété familiale se composait du droit de jouissance que chaque famille possédait sur les terres communes, et des lots de terres labourables assignés, sur lesquels chaque mem- bre avait un droit égal. L'ensemble formait le patrimoine (hufe, manse) qui pouvait comprendre 15 à 50 hectares, dont la meilleure part était cultivée, dont le restedemeurait en jachère. C’était la terre salique (terra aviatica) des Francs, Pethel des Anglo-Saxons, Non seulement la terre, mais encore les meubles, c’est-à-dire le bétail et l’outillage aratoire appartenaient à cette coopérative de famille, dont tous les membres demeuraient dans l’indivision et con- sommaient en commun les produits obtenus. On n’y