. 26 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE Rome avait courbé toutes les classes et toutes les races fusionnées en elle, sous le niveau égalitaire de ses lois. Les coutumes germaniques établirent de profondes inéga- lités entre \les divers peuples des États Barbares. En Gaule, on distingua jusqu’à sept lois différentes suivant l’origine des habitants, Romains, Francs Saliens, Francs Ripuaires, Francs Chamaves, Burgondes, Visigoths, Ala- mans. De hautes barrières séparèrent les diverses caté- gories sociales auxquelles s’appliquèrent des législations pénales différentes, d’une indulgence criante pour les hautes classes, d’une dureté barbare pour les classes infé- rieures, auxquelles furent réservéesles mutilations et les supplices. L’aristocratie, s’isolant dans sa condition, s’ef- força d’empêcher toute ascension sociale, en interdisant les mariages, sous peine de déchéance, entre ses membres et ceux des autres classes. Les Barbares n’osèrent porter ouvertement atteinte à la condition des hommes libres d’origine germanique, établis à côté des chefs sur les ter- ritoires de l’Empire. Ils laissèrent subsister, dans la Gaule méridionale, en Espagne, en Italie, dans les régions pro- fondément romanisées, une partie des petits propriétaires libres, d’origine romaine. Mais partout, au moyen d’un sourd travail, que favorisaient l’abdication de toute auto- rité et le règne de la force, les aristocraties nouvelles s’efforcèrent de dépouiller les hommes libres de la pro- priété des terres et de la liberté personnelle. Dans toutes les régions, où la colonisation germanique prédomina, disparut, soit décimée, soit asservie, l’ancienne classe des possesseurs romains. En Grande-Bretagne, les Anglo- Saxons réduisirent les Bretons qu'ils épargnèrent à la condition de colons ou d’esclaves ruraux. Dans toute la Gaule Belgique, dans les régions rhénanes et danubiennes, les anciennes populations libres gallo-romaines qui purent échapper au massacre ou qui n’émigrèrent pas, durent accepter de cultiver à titre de demi-serfs (tributarii) les domaines (manses) et les fermes (kufen) des Germains