BYZANCE, LA RÉORGANISATION DU TRAVAIL 45. paysans. Il a fait dresser des cadastres minutieux (bré- viaires, polyptiques). Sa fortune s’enfle sans répit. Si elle est parfois employée à soutenir des œuvres utiles de propa- sande religieuse, de charité, de progrès scientifique et artis- tique, elle l’est plus souvent encore à favoriser le luxe ou l’oisiveté d’une caste, qui argue des règlements de son état pour fuir le travail manuel. Elle fortifie de plus le fanatisme et la soif de domination d’un corps qui tend à former un Etat dans l’Etat, en se soustrayant cependant aux obligations fiscales et militaires de la population civile. Les meilleurs empereurs, les Isauriens et les Macé- doniens, aperçurent si bien le péril, qu’ils s’opposèrent avec vigueur à l’extension de la grande propriété ecclé- siastique, interdirent aux particuliers de transmettre teurs biens aux clercs et aux moines, reprirent à ceux-ci les domaines usurpés, leur défendirent l’acquisition de nou- veaux immeubles, essayèrent de soumettre leurs propriétés aux charges communes, en laïcisèrent une partie pour les distribuer sous forme de bénéfices militaires. L'État byzantin maintint intaët le principe, d’après lequel l’Église n’était que la dépositaire provisoire de la fortune foncière qu’elle détenait, et le droit de puiser à son gré dans cette réserve pour subvenir aux nécessités publiques. Mais dans la pratique, soucieux de ménager une puissance aussi redoutable, il laissa souvent le champ libre aux entre- prises du corps ecclésiastique, si bien que celui-ci accapara la majeure part du territoire. Ainsi se constituèrent ces grands domaines, tels que ceux des 62 couvents de Byzance, de ce monastère Neamoni qui compta 500 moines et qui détint le cinquième de Chio ; de celui de Patmos qui posséda toute l’île de ce nom, outre des terres en Crète ; des trois fameuses communautés monastiques de l’Athos, enrichies par tant de dons ; de la célèbre abbaye du Mont Cassin, dont les possessions s’étendirent en Italie méridionale et dont l’abbé fut l’égal des princes de Bénévent, de Capoue et de Spolète. Les domaines d’Église furent de vastes