76 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE tions byzantines. Le premier État, dans lequel se fon- dirent les tribus, y apparaît sous Jaroslov le Grand (1015- 1054) qui se pare de titres grecs. Son pouvoir garde tou- tefois un aspect à demi scandinave, et son entourage aristo - cratique de gridi, de boïars et de mouges, rappelle tantôt la truste (les compagnons) des rois germains et tantôt la noblesse byzantine. Une Église s’organise avec la liturgie, les traditions, la richesse territoriale de celle de l'empire grec. Le régime patriarcal s’atténue, de même que diminue la classe des hommes libres et que se développe la dépen- dance des mougicks (hommes de rien), à l’image du colonat de Byzance. La société se stabilise ; la propriété commune s’individualise ; la culture progresse et l’État russe s’en- richit par l’activité de son commerce avec Byzance, à laquelle il est uni par des conventions qui abolissent les anciens usages barbares. La civilisation byzantine a pen- dant deux siècles encore imprégné si bien la Russie Chré- tienne naissante qu’elle y laissa une empreinte inef- facaæable. L'œuvre de Byzance dans l’histoire du travail pendant le moyen âge. — L'Empire romain d’Orient avait donc accom- pli pendant le haut moyen âge une tâche de première impor- tanée. Il avait reçu sans faïblir l'héritage de Rome et il l’avait accru. Il avait marqué profondément sa trace dans bous les domaines du travail. II avait réussi à coloniser les pays chrétiens de l’Europe orientale. Il y avait civilisé les Barbares et les avait appelés au labeur fécond de la paix. Il avait donné à l’activité économique, sous toutes ses formes, l'impulsion la plus puissante ; il avait porté au plus haut point le développement de la richesse. Si dans l’ordre social, il n’avait qu’à demi réussi à protéger le travail et la propriété libre contre l’exploitation et les usurpations des classes aristocratiques, du moins il avait supprimé l’esclavage et lutté de toutes ses forces pour le maintien des classes moyennes urbaines et rurales. Il s’était “ainsi