ÉCONOMIE AGRAIRE DE L’OCCIDENT ; 87 les moines élèvent leurs cabanes de branchages, puis leurs édifices de bois ou de pierre, drainent, débroussaillent, coupent les arbres, extirpent les souches, créent des prairies et des champs, parfois même des vignobles et des vergers. Pendant trois cents ans, ils se font les promo- teurs persévérants et méthodiques de la première colo- nisation agricole de l’Occident. L'œuvre de la colonisation monastique en Occident. — Même en tenant compte des exagérations des récits hagio- oraphiques, il est indéniable que le rôle du monachisme a été de premier ordre. Peu considérable en Espagne, où l’invasion arabe ne lui a pas permis de se déve- lopper, la colonisation monastique eut les plus heu- veux effets dans le reste des États chrétiens occidentaux. En Italie, s’élèvent comme autant de centres de culture, tantôt dans les monts, tantôt dans les plaines désertes et marécageuses, les abbayes du Mont Cassin, de Subiaco, de Farfa, de Saint-Vincent du Vulturne, de Polirone, de Novalese, de Leno, de Pomposa et surtout de Bobbio. L’Hibernie, l’île des saints, organisatrice de ce dernier centre monastique italien, rivalise avec l’Aquitaine gallo-romaine et avec l’Angleterre, pleine de l’ardeur des néophytes, en essaimant dans l’Occident ses laborieuses colonies monastiques. Elle rend ainsi à la civilisation un service inoubliable. L'Irlande, les îles d'Écosse, les côtes de Galles, se peuplent de grands monastères, tels que ceux de Bangor et d’Iona. Les royaumes anglo-saxons doivent aux leurs, à Tarrow, à Streoneshath, à Crowland, à Ramsay, à Evesham, à Glastonbury, l’apparition des premières grandes exploi- tations de défrichement. En Gaule, dès le vie siècle, 30 établissements sont créés par les moines dans les vallées dela Saône et du Rhône, 94 des Pyrénées à la Loire, 54 de la Loire aux Vosges. De 228 au début du VIr® siècle, ce chiffre passe à 1.108 dans les quatre cents ans qui suivent jusqu’à la fin du x° siècle. Partout à ces créations monastiques se