94 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE est cependant connue comme amendement dès l’époque de Charlemagne, mais le fumier de ferme est peu abondant, comme le gros bétail. On connaît en général l’assolement triennal qui ne réserve plus à la jachère qu’une année sur trois au lieu de deux. C’était un progrès réel, mais bien insuffisant pour que la culture extensive fût sérieusement atteinte. Celle-ci dominait, épuisant rapidement le sol qui ne donnait que de faibles rendements. Le labourage dans les pays celtiques, anglo- saxons et germaniques se faisait souvent en commun, au moyen de forts attelages groupés. Mais l’outillage agricole était en général réduit à la Loue, à la herse, à la charrue de bois primitive. Les transports ruraux se faisaient sou- vent à dos d’homme, d’âne, de cheval, quand on n’avait pas recours au char à deux roues. Dans l’Occident ger- manique et celtique persistait le système de la culture abligatoire en commun, suivant rotation déterminée. Les méthodes de l’agronomie romaine ne sont guère connues que sur quelques grands domaines et sur les terres monas- tiques. La culture des céréales gagna cependant du ter- rain dans les régions celtiques et germaniques. L’Occident cultivait surtout le seigle qui fournissait le pain du pauvre, l’épeautre et le blé, ce dernier moins répandu que les deux autres, l’avoine et l’orge, pour les animaux et la brasserie. De brusques variätions de récoltes, jointes à l’insuffisance des ensemencements et aux difficultés de transport, amènent souvent des disettes. D'ailleurs, sauf dans les anciens pays de culture, les champs cultivés, de même que les vergers, les jardins et les vignobles n’occupent, qu’une place très inférieure à celle des pâturages, des forêts et des landes. On commença cependant dans les quatre derniers siècles du moyen âge, surtout sous l’influence des instituts monastiques et des intendants des grands domaines prin- ciers, à étendre les cultures horticoles, florales, arboricoles et viticoles. Dans les régions celtiques, on cultiva le pom-