106 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE aristocratique la souveraineté politique, au moins en France et dans, l'Espagne du Nord, sinon en Allemagne, en Italie et en Angleterre. Le grand domaine en Occident et son organisation pendant 1e haut moyen âge. — Maîtresse de la plupart des terres, l’aris- tocratie foncière est devenue ainsi en quatre cents ans la maîtresse des hommes qui y résident. Le grand domaine est en effet, l’assise solide sur laquelle est fondée sa puissance Conservant son intégrité fondamentale, en dépit des par- tages qui en détachent des fragments, portant dans son nom même le souvenir de son principal possesseur, romain ou barbare, la villa, la massa, la curtis, le saltus, la sala, le fundus, comme on l’appelle, est un petit royaume, un petit monde que gouverne un maître, le seigneur (dominus, senior), investi d’une autorité absolue et où il a sous sæ main tous les éléments de la vie économique. Une orga- nisation fondée sur la hiérarchie des fonctions et sur la division du travail y assure la satisfaction de tous les besoins des maîtres et des sujets. Au centre, s’élève la résidence seigneuriale (palatium, hall, fronhof, sathof, easiellum) moitié château, moitié ferme, souvent entourée d’une enceinte ou d’une ‘palissade rustique et grossière en pays celtes ou germaniques, déjà plus élégante et plus confortable en pays romain. Tout y est disposé pour le séjour du maître et de son entourage. Bâtiments d’exploi- tation, écuries, magasins, celliers, granges, ateliers, s’y groupent autour du palatium. Tout s’y trouve, même la chapelle (oratorium) pour la vie spirituelle, qui n’a pas été plus oubliée que la vie matérielle. C’est dans le grand domaine monastique, puis dans le grand domaine impérial ou royal que l’organisation éco- nomique atteint au plus haut degré de perfection. Dans le premier, où prévaut yne sorte d’idéal communiste, où la règle refrène l’individualisme, où tous les moines sont égaux dans la distribution du labeur et de ses produits,