LES CLASSES RURALES EN OCCIDENT 133 de fortes planches, gardée la nuit par des chiens, assise à l’ombre des grands arbres, auprès de quelque source. La maison est tantôt de bois, tantôt de moellons, de forme carrée, garnie d’un mobilier rudimentaire, de sièges et de banes de bois. Les étables y avoisinent, avec les greniers, la pièce commune unique où vit la famille, auprès du foyer. Un trou pratiqué dans le toit donne la lumière et laisse échapper la fumée. En Gaule même, les bourgs (vici) et les agglomé- rations formées au centre du grand domaine (villa) font place, depuis le vrr° et le 1x° siècle, à une multi- tude de villages et de hameaux, alors qu’on n’en connaît guère que 50 à 65 deux cents ans auparavant. Ils prennent le nom d’un saint, en souvenir de leur origine monastique, ou celui de leur propriétaire, auxquels ils ajoutent des désinences caractéristiques (court, ville, inge, ingen, villier, villard). Dans une bonne partie du territoire gallo-romain, prévaut encore le système des fermes séparées, notamment dans les régions montueuses et dans les vieux pays cel- tiques. Partout, le paysan habite dans des chaumières (pisilia, tuguria) de branchages, de torchis, parfois de pierre, garnies de quelques meubles grossiers. En Italie, où sévit la malaria et où l’étendue des côtes favorise la piraterie, les anciens bourgs (vici) ont été abandonnés, mais il existe nombre de petits villages (loci), créés en terres défrichées et beaucoup de nouveaux bourgs. Ils se groupent souvent autour de forteresses (roches, castra, castella), munies de tours de guet, et fuient l’isolement. Partout les classes rurales tirent leurs vêtements du lin ou de la laine qu’elles recueillent, des peaux de bêtes qu’elles élèvent ou qu’elles tuent. Des manteaux, des tuniques, des braies de toile ou de lainages grossiers, la dépouille des animaux suffisent à leur habillement. Les pay- sans portent en général les cheveux courts ou la tête rasée ; certaines lois les y obligent; la longue chevelure est la Marque de l’homme libre. Ils se coiffent d’un bonnet de