CHAPITRE FV L’AVÈNEMENT DE L'ÉCONOMIE MOBILIÈRE ÊT L’ÉSSOR DU COMMERCE DE L'OCCIDENT DU MILIEU DU Xe SIÈCLE AU MILIEU DU XIV®. Place infime de l’économie mobilière à l’époque féodale primitive. — Depuis l’avortement de la brève renaissance économique de l’ère ‘carolingienne, la prédominance de l’économie naturelle ou domaniale n’avait fait que s’affer- mir. Aux deux premiers siècles de l’ère féodale, l'économie mobilière ou d’argent, dont la source est le commerce, ne possédait qu’une minime importance. Le rôle de l’argent était tout à fait réduit ; c’étaient la terre ou les pro- duits du sol qui constituaient la richesse. La vie écono- mique s’était en quelque sorte immobilisée dans cette société purement agricole, enfermée dans le cadre étroit de la seigneurie foncière. Le gouvernement féodal était plutôt fait pour enrayer l’activité des échanges que pour y aider. D'ailleurs, l’opinion dans toutes les classes mécon- naissait le rôle du commerèe. Elle continuait à considérer le commerçant comme un parasite, un spéculateur, un usurier, et la richesse mobilière comme le fruit de la fraude et de la rapine, mais non du travail. De plus, les conditions de l’économie domaniale ne laissaient au com- merce qu’un champ d’action très réduit. Chaque groupe domanial, produisant à peu près tout ce qui était nécessaire à la vie, les échanges ne portaient que sur un petit nombre de produits naturels ou fabriqués, qui provenaient de l'excédent de la production et qui s’échangeaient sur