L’ESSOR DU COMMERCE 209 Protégés du Saint-Siège, forts de leur qualité de chré- tien et de leur redoutable organisation ils arrachent aux princes des exemptions et des privilèges. Bien mieux, ils font sentir dans la vie politique la puissance naissante de l’argent. Ils offrent aux Papes et aux rois, les ressources'de leurs cadres pour organiser leurs systèmes fiscaux; ils leur fournissent des agents administratifs et financiers. Souples, adroits et sans serupules, ils font apprécier leurs services diplomatiques. Leur richesse leur assure dans la vie sociale un rang éminent, une place prépondérante, surtout dans les communes italiennes et dans les hautes classes de la société européenne. Ils y introduisent des habitudes d’exis- tence large et somptueuse, le goût de l’art et de la science, et ils étalent en même temps, à l’égard des,classes popu- laires, leur morgue de nouveaux riches. Enfin, ils initient la bourgeoisie occidentale à la science du commerce et du crédit. Ils ouvrent hardiment au trafic des voies nouvelles et à l’activité économique un champ d’expansion prodi- gieux. Haïs du’ peuple qu’ils « plument ou écorchent », suivant un dicton français, tour à tour chassés, spoliés, exploités par les princes, ils n’en prennent pas moins place parmi les éléments indispensables de la société nouvelle. Le développement des marchés et des foires. — L'activité du commerce s’exerça non seulement dans les marchés, urbains et ruraux quotidiens et hebdomadaires qui se multiplièrent et où se faisait l’échange des produits locaux gur les places et dans les balles, que l’on construisit de toutes parts, mais encore dans les foires, dont la floraison caractérise cette ‘période du moyen âge. Vers elles se dirigent les longues caravanes de marchands de toute nation, armés de la lance et du bouclier, avec leurs lourds charrois qu’escortent des hommes d’armes. Elles four- nissent aux chefs d’État de si beaux revenus, qu’ils s’em- pressent de leur assurer une protection spéciale, des sau- RoissoNNADE. 12