CHAPITRE V LA RENAISSANCE ET L’ESSOR DÉ L'INDUSTRIE DANS L’OCCIDENT CHRÉTIEN PÉNDANT L’AGE D'OR DU MOYEN AGE. L'industrie pendant la période primitive féodale, X°-XI° sié- cle. — Pendant la période primitive féodale (xe-xr° siècle), l’activité industrielle n’existait qu’à l’état embryonnaire. Dans le régime de l’économie naturelle et domaniale qui prévalait alors, le travail de l’ouvrier ne se distinguait pas souvent de celui du paysan et ne s’exerçait que dans le cercle de la famille ou du domaine. Les seules formes vivantes de la production étaient l’industrie domestique et l’industrie domaniale. Dans la première, chaque groupe familial tâchait à produire lui-même, sans recours au dehors, les objets les plus indispensables à la vie. Au moyen de la seconde, les classes possédantes, seigneurs et cleres, se procuraient les produits fabriqués par le travail de divers groupes (familiae) d’ouvriers seris, traditionnellement attachés à l'exploitation : meuniers, boulangers, bras- seurs, tisserands, tailleurs, tanneurs, cordonniers, maçons, charpentiers, forgerons, potiers, armuriers, voire même orfèvres. C’est ainsi que, dans le domaine du chapitre Saint-Paul de Londres, les boulangers devaient fournir 10.000 pains par an et les brasseurs 67.800 gallons de bière. De même que le serf de la glèbe était tenu d’ac- quitter des redevances en nature et des corvées, de même l'artisan serf seigneurial était astreint à des prestations