L’ÉMANCIPATION URBAINE 237 l’Angleterre en compta 275. La réapparition et l’extension de cette vie urbaine, si atteinte pendant le haut moyen âge, ont été étroitement liées à la formation et au progrès des classes industrielles et commerçantes, La formation et les premiers progrès des classes com- merçantes et industrielles dans les villes (X°-XI siècle) — D'abord, dans la petite ville de Père féodale qui ren- ferme souvent à peine un millier d’âmes et qui est géné- ralement soumise à l’autorité rivale de plusieurs maîtres, l’évêque, l’abbé, le comte, le gouverneur. ou châtelain, marchands et artisans ont vécu dans une condition subal- terne. Ces derniers sont groupés en services (familae), asservis aux seigneurs du lieu et à leurs officiers ; ils vivent à l’ombre de l’église, du palais comtal ou seigneurial, à côté d’une population de petits fonctionnaires, de serfs domes- tiques, voire même de cultivateurs ou de jardiniers. Les premiers, plus mobiles par suite des exigences de leur profession, de tempérament plus aventureux, souvent d’origihe étrangère (advenæ) ou suspecte, préfèrent le séjour du faubourg (suburbium) qui s’allonge le long de la route ou du fleuve, sur les bords desquels ils ont établi leurs magasins et leurs demeures, entourés d’une palissade ou d’une enceinte reliée à celle du château. Ce sont ces mar- chands (mercatores) qui formèrent l'élément progressif auquel est due l’émancipation urbaine. Dès le x1° siècle, ils ont parfois enrichi les villes, par exemple dans la Haute- Italie, sur le Danube, le Rhin, la Meuse, l’Escaut, sur les bords de la Méditerranée, par l’activité de leur négoce. Ainsi ont grandi Venise, Milan, Pise, Amalfi, Gênes, Nar- bonne, Montpellier, Arles, Amiens, Saint-Quentin, Valen ciennes, Cambrai, Gand, Bruges, Cologne, Worms, Spire, Strasbourg, Augsbourg et Ratisbonne. Ils y ont souvent organisé les transports par eau, d’où leur nom de poorters aux Pays-Bas, et ils y pratiquent la banque en même temps que le commerce. Les plus riches (divites) consti-