254 — L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL A Florence, à Bologne, à Milan, à Avignon et dans un grand nombre de villes méridionales se dressaient ces tours altières, symboles de la domination du'patriciat des nobles; il y en avait 1.500 à Florence, 300 à Milan ; la légende en attribuait 10.000 à Pise. Groupés en syndicats militaires (socieid d’armi), ces nobles, uniquement préoc- cupés de leurs intérêts de propriétaires fonciers et de leurs rivalités de famille, troublaient la vie communale par leurs batailles de rues et firent peser sur les classes laborieuses une dure tyrannie. Parfois, cependant, dans les villes commerçantes, telles que Venise et Gênes, le patriciat, qui fondait sa fortune sur le trañc, sut administrer avec modération et sagesse. Ailleurs, la classe des gentilshommes s’associa avec la riche bourgeoisie, partagea avec elle l’influence sociale et politique, notamment en Castille. En Allemagne, le patri- ciat des nobles se fondit dans la classe des grands bour- geois. Dans la France-du Nord et aux Pays-Bas; soit par les mariages, soit en vertu des mesures rigoureuses prises contre les féodaux, il fut absorbé ou le plus souvent éliminé. Dans la majeure part de l’Occident le patriciat s’identifia au contraire avec la haute bourgeoisie, avec l’association composée des grands négociants, des entrepreneurs de transports, des grands industriels, des armateurs, des changeurs et des banquiers, auxquels s’adjoignirent les riches propriétaires fonciers urbains et les rentiers. Cette association, où domina l’aristocratie marchande et indus- trielle, reçut une existence légale et officielle. Elle s’appetle le plus souvent la gilde, la hanse, parfois la fraternité ou la confrérie. Elle a de bonne heure un caractère nettement oligarchique. Dans certaines villes anglaises, c’est à peine si elle compte 200 membres ; à Gand, au xITT° siècle, elle ne comprend plus que les chefs de 39 familles. Les membres du patriciat bourgeois ou de la gilde se nomment les premiers ou les grands bourgeois (majores, principes, optimates, proceres) ou encore les bons hommes, les pru-