274 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL ot demi par jour, le compagnon recevait 3 pence et demi à 3 pence. En France, à la fin du xiri® siècle, le maître maçon ou le maître couvreur reçoit pour sa journée à peu près autant que son successeur au début du xive siècle, à savoir 2 francs par jour et son manœuvre 0 fr. 50. A Strasbourg, le maître charpentier non nourri gagne 2 fr.60 en été. En général, les salaires des apprentis et des femmes sont moins élevés des deux tiers que ceux des maîtres. Ces salaires permettaient de subvenir aux nêces- sités matérielles de la vie. On à calculé que dans les villes de la France du Nord, le salaire réel d’une année correspondait à la valeur d’achat de 19 à 30 hectolitres de blé, que le salaire journalier eût permis d'acheter 1 kg. 9 de bœuf, ou 1kg. 7 de porc, ou 2,8 litres à 6 litres de vin. Les artisans pouvaient au XIII° siècle se procurer 1 hectolitre de pois au prix de 4 fr. 52 à 11 fr. 42, acheter un mouton pour 3 francs à 4 fr. 50, un porc pour 6 francs à 12 franes, un poulet pour 0 fr. 32 à 0 fr. 50, une douzaine d’œufs pour 0 fr. 11 à 0 fr. 12, un kilogramme de beurre pour 0 fr. 43 à 0 fr. 65, un hectolitre de vin pour 5 à 15 francs. Le plus souvent d’ailleurs l’ouvrier célibataire et l'apprenti étaient logés et nourris par le patron. La vie matérielle de l'artisan et de l'ouvrier urbain. — La vie matérielle des classes laborieuses présente pendant cette période du moyen âge les caractères du bien-être. Elle était simple et généralement à l’abri des tentations du luxe. Ces classes se contentaient d’ordinaire d’une nourriture peu raffinée, formée de légumes, de fèves, de pâtes, de pain et de soupe, d’une proportion raisonnable de viande. Elles réservaient pour les jours de fêtes et d’assemblées les grosses ripailles et les larges rasades de vin et de bière. Elles étaient peu difficiles pour leur loge- ment. Elles s’entassaient en France dans des maisons de bois ou de torchis, aux pignons pointus, aux façades cui- rassées d’ardoises, dont les étages en saillie surplombaient