286 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL L'essor de la production naturelle : la pêche et la sylvi- culture. — Une poussée prodigieuse d'activité se mani- feste en effet dans tous les domaines de la production agricole. Les populations de l'Occident s’efforcent de mettre en valeur les richesses naturelles pour suffire aux besoins croissants de la consommation. À côté de l’ancienne pêche primitive, limitée aux côtes et aux rivières, s'organise à l’intérieur la pisciculture que pratiquent moines et grands seigneurs, au moyen de la création de réservoirs et d’étangs. La grande pêche naît et se développe rapidement, au profit des Néerlandais, des Flamands, des Anglais, dans la Baltique et les mers du Nord, où l’on capture la morue, le stockfish, le ma- quereau, le craspois et surtout le hareng, cet aliment essentiel des classes populaires, tandis que dans la Manche et l’Atlantique, pêcheurs normands, bretons, bas- ques, galiciens poursuivent la baleine, le saumon, la sardine, la lamproie et le germon. Sur les côtes de Picardie, du Bas-Poitou et d’Aunis s’organisent l’ostréiculture et la mytiliculture. Dans la Méditerranée occidentale, prospère la pêche du thon, du corail et de Péponge. Malgré les défrichements, dans la plupart des pays d'Occident, des réserves forestières ont été aménagées en nombre si considérable, que les produits de la chasse, réservée surtout aux hautes classes, comptent encore pour une large part dans l’alimentation. De sages règle- ments apparaissent, pour protéger ces réserves contre la dévastation, pour prescrire la reconstitution des futaies et des taillis, les semis et les coupes à longs intervalles, pour limiter les abus des droits d’usage, du panage, de la pais- son et du glandage. Une guerre impitoyable fut faite aux animaux sauvages, par exemple aux loups qui disparurent de certains pays, tels que l’Angleterre. L’Allemagne, la France, la partie orientale des Pays-Bas, l’Italie du Sud furent les régions de l’Occident, où se conservèrent le mieux les richesses forestières, qu’on exploita au Nord