290 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL maux en quantité plus considérable, notamment aux Pays-Bas. On imagine en Angleterre la fumure des terres au moyen du parcage des moutons, pratiqué pendant huit semaines. On essaie, spécialement en France, d’amé- liorer le sol par des amendements ou des engrais complé- mentaires, chaux, marne, cendres, tourbes, tangue. Si dans la majeure part de l’Occident, se maintient la méthode extensive, avec la rotation forcée des cultures, l’assolement triennal et la jachère, déjà en certaines régions, aux Pays- Bas, dans la France du Nord et dans l’Italie septentrionale, apparaît la culture intensive, qui supprime la jachère et la rotation forcée, qui fait alterner les récoltes et utilise cons- tamment le sol, qui reconstitue la puissance nutritive de la terre, au moyen des cultures fourragères et des légumi- neuses, introduites dans la troisième sole. À côté du tra- vail à la houe ou à la bêche, on pratique dès lors, à l’aide de la charrue à soc de fer, des labours profonds répétés jusqu’à sept ou huit fois ; on la tire avec de puissants attelages de chevaux ou de bœufs. Le paysan d’Occident, guidé par des élites, commence dès lors sa lutte fructueuse et obstinée pour l’enrichissement du sol. Son activité porta en première ligne sur la culture des céré- ales, partout généralisée, et où, au seigle, à l’orge, à l’avoine, au millet, s’ajouta le sarrasin (blé noir). Le froment fut sur- tout produit pour l’exportation dans les riches terres limo- neuses de la Rhénanie, des Pays-Bas, de France occiden- tale, des campos de Castille, de la Lombardie, de la Pouille, de la Campanie, de l’Apulie et de la Sicile. Les comtés du centre et du sud-est de l’Angleterre en produisirent vers 1314 jusqu’à 2 millions et demi de quarters. La culture du riz est introduite au xIr€ et au XIII° siècle en Bas-Aragon, en Basse-Lombardie et en Sicile. La culture maraîchère et l’horticulture, dans lesquelles aux légumes usuels on adjoint l’échalote, l’artichaut, l’épinard, l’estragon, l’au- bergine, importés d’Orient, font de grands progrès sous l’influence des ordres monastiques français, des Italiens