318 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL corvées et des charrois, livra au propriétaire une part des revenus en nature, qui variait souvent en Italie du tiers au dixième seulement, ne s’élevant à la moitié que pour les produits de cueillette, outre des cadeaux oblisatoires en œufs, volailles, fromage. Mais il eut droit au produit inté- gral du petit bétail, des porcs et des animaux de basse- cour. Il n’était permis de l’expulser que dans des cas précis de mauvaise gestion, et il pouvait profiter pendant des périodes variables de deux à cinq ans, ou même de douze à vingt-neuf, des avantages de l’exploitation. Une autre forme de coopération limitée, le bail à cheptel, associa dès lors souvent, notamment en Catalogne, en Roussillon et en Provence, paysans et propriétaires dans l’achat et les bénéfices de. l’élevage du bétail. La formation de la classe des salariés agricoles ; les journaliers et les domestiques. — Enfin la classe des salariés agricoles, journaliers et domestiques, commence à s’organiser presque en même temps que celle des Salariés urbains, à mesure que l’émancipation restreint pour les propriétaires le travail gratuit ou à tarif réduit procuré par les corvées, et qu’au système des accense- ments, s'ajoutent ceux du faire valoir direct et de l’entreprise agricole. Le nombre des terres cessibles ne correspond plus aux demandes d’une population gran- dissante, devenue libre, mais qui n’a plus accès au capital foncier, ou qui préfère conserver ‘toute son indépendance, sans se lier à la terre, et qui cherche à vivre en Iouant la main-d’œuvre dont elle dispose. On -voit se former les journaliers dès le xrT° siècle en Italie ; leur nombre S’accroît dans tout l'Occident, à mesure qu’on se rap- proche du xrve siècle. Ils sont connus dans la péninsule italienne sous le nom de braccianti, de pimenti, de tra- vailleurs de terre (labonatores terrarum), de villanos asa- deros en Navarre, de brassiers en Languedoc et en Pro- vence, de hotieurs, de bezocheurs en France occidentale,