TRANSFORMATION DE L'ORIENT ET DU NORD 331 geoisie urbaine nombreuse et une industrie active, Byzance restait alors la merveille du monde, le centre de richesse et de splendeur, dont les Croisés ne se lassent pas d’admirer l’éclat et où étaient accumulés, suivant l’expression de Villehardoin « les plus riches biens de la terre ». Salonique, quoique mise à sac en 1185, apparaît encore à ce baron champenois « une des plus fors et plus riches villes de la crestienté ». Mais ce sont les dernières lueurs d’un grand foyer qui va baisser de siècle en siècle. Bientôt, les indus- tries de l’Occident enlèvent à l’Orient ses anciens et lucra- tifs monopoles. Les vieilles corporations, qui faisaient la force des classes commerçantes et industrielles, disparais- sent, en butte aux soupçons du despotisme impérial. L'ac- tivité économique est ruinée par les exigences du fisc et par la concurrence des étrangers. . Le commerce passe entièrement aux mains des Vénitiens, des Génois, des Pisans, des Provençaux, des Languedociens et des Catalans. À Byzance, écrit Nicélas « l’Italie pénètre à pleines voiles ». Après la restauration des Paléologue, Gênes devient la vraie maîtresse du trafic, erf concurrence avec Venise. « Elle ferme aux Romains toutes les routes du commerce », observe un historien byzantin. Des luttes intestines mettent dans les villes, telles que Salonique et Andrinople, le peuple des. artisans en conilit avec les riches, et la guerre sociale achève de ruiner la prospérité urbaine. L'Empire, qui avait eu un moment les « deuæ tiers de l'avoir du monde » et l’hégémonie économique, perd à la fois sa richesse et sa suprématie, en moins de deux cents ans. La rénovation de l’Europe orientale sous l'action de la civilisation byzantine et surtout de la civilisation occidentale. Sa transformation économique et sociale. — C’est l'Occident qui le supplante à la tête de la civili- sation. Des barons français viennent en Romanie, dans PArchipel et en Grèce transporter le régime féodal occi-