338 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL La Scandinavie. Son état économique et social au X° siècle. — Au nord de l’Europe, les trois Etats scandinaves ne commencèrent à connaître la vie civilisée qu’au x° et au x1° siècle, quand ils furent convertis au christianisme. Auparavant, leurs habitants, les Northmen, divisés en tribus et confédérations, vivaient surtout de piraterie. Leur organisation économique et sociale différait peu de celle des anciens Germains, leurs frères de race. Comme- eux, ils ne pratiquaient guère le travail agricole et leurs principales ressources provenaient de la pêche, de la chasse, de l’exploitation des forêts et de l’élevage. Une partie du sol appartenait aux tribus, une autre aux communautés de village qui jouissaient en commun des terres indivises. La propriété privée était limitée aux biens de famille, à l’odhal, que chaque groupe familial possédait collective- ment, qui était inaliénable, transmissible seulement aux mâles, formé des biens propres et des acquêts, réduit à la maison (topt), à l’enclos attenant et au terrain (ornum) acquis par le travail de défrichement. En Danemark, ces domaines patrimoniaux avaient d’ordinaire chacun 15 hectares. Le reste des terres dévolues à chaque famille ge composait de parcelles, longues et étroites bandes, que la communauté de village répartissait annuellement par une espèce de tirage au sort, et dont la superficie était mesurée au moyen du jet d’un marteau où d’une hache, ou bien au moyen d’une corde. Il y avait tel village de Suède où 20 familles se partageaient ainsi 5.600 parcelles. Autour de chaque village (by) s'étendaient les pâturages et les forêts. Une énergique population d'hommes libres, marins, pêcheurs, pasteurs, bûcherons, éleveurs, chefs d’exploi- tation, vivait sur cette vaste superficie à demi déserte, de climat rude, couverte en grande partie de bois, de landes et de marécages. Il n’y avait sur ces territoires, deux fois aussi étendus que la France, ‘qu’un peu plus d’un million d'habitants. Le Danemark, la partie la plus peuplée, en