CHAPITRE III LES CHANGEMENTS DANS L’ORGANISATION DES CLASSES COMMERÇANTES ET INDUSTRIELLES, LES RÉVOLUTIONS URBAINES ET LES PROGRÈS DES VILLES À LA FIN DU MOYEN AGE. En même temps que le commerce et l’industrie prenaient un nouveau cours, l’unité primitive des classes commer- çantes et industrielles, déjà très atteinte dans la période précédente, achève de se dissoudre. En haut, grandit une minorité, la bourgeoisie capitaliste ; au milieu se développe la petite et la moyenne bourgeoisie des patrons qui forment les métiers libres et les corporations jurées ; en bas, ce sont les ouvriers qui se séparent du patronat, et aux derniers degrés enfin, les salariés de la grande industrie, renforcés d’éléments flottants, qui viennent former le prolétariat urbain naissant. Les progrès de la bourgeoisie capitaliste. — Dès lors s’organise et s'accroît en effet la bourgeoisie capitaliste, faible par le nombre, toute-puissante par la fortune. A Bâle, sur 30.000 habitants, à peine compte-t-elle 4 p. 100 de la population, et à Venise, la plus riche cité d'Occident, elle ne se compose que de deux milliers de patriciens, possesseurs chacun de 200.000 à 500.000 francs de revenu. Mais ils détiennent la plus grosse part de la richesse ; à Fribourg, par exemple, 37 bourgeois ont acca- paré 50 p. 100 des capitaux mobiliers et immobiliers, alors que plus du tiers des habitants sont dénués de tout avoir.