ÉVOLUTION DU COMMERCE ET DE L’INDUSTRIE 375 rogent sur certaines formes du travail une véritable dicta- bure ; ils contribuent à faire naître ou à développer les maux redoutables du salariat et du prolétariat industriel, qu’ils légueront à l’ère moderne. Prédominance de la moyenne et de la petite bourgeoisie, de la petite industrie et du petit commerce dans les villes. —_ Si la crise née de la formation et de l’esprit envahissant de la bourgeoisie capitaliste fut alors moins grave que dans les siècles suivants, c’est qu’elle a été atténuée par la puissance que la force du nombre et de l’association don- nait à la petite et à la moyenne bourgeoisie. Cette classe, composée des petits propriétaires urbains, de la masse des fonctionnaires, et surtout des commerçants et des maîtres des métiers, formait dans la plupart des villes la grande majorité de la population, à Bâle, par exemple, 95 p. 100. Elle se contentait de fortunes modestes ; celles de 2.000 à 10.000 florins étaient assez répandues au xve siècle en Allemagne dans la moyenne bourgeoisie. A Bâle un cinquième des bourgeois possédait en moyenne 200 à 2.000 florins, et un tiers, parmi lesquels beaucoup d’artisans, entre 30 et 200 florins. En France, les bour- geois de cette catégorie donnaient d’ordinaire à leurs filles l'équivalent de 500 à 2.000 francs de dot. Cette classe nombreuse, en général animée de l’esprit de travail et d’épargne, peu soucieuse des aventures, mais de carac- tère souvent indépendant, était l’objet des ménagements de l’État monarchique, qui l’associa souvent au gouver- nement, et lui abandonna une part considérable de l’administration urbaine, où elle admettait la partici- pation des éléments populaires eux-mêmes. Elle était en effet, pour la société, un élément précieux de vitalité et de stabilité. Son ardeur laborieuse ne se ralentis- sait pas. À chaque instant, on y voyait surgir de nouvelles professions dans le cadre antérieur du petit commerce et de la petite industrie. À Francfort-sur-le-Mein au xve siècle se