RÉVOLUTIONS ET CLASSES RURALES 407 tes conflits entre propriétaires et salariés, entre l’aris- tocratie et les paysans menacés du servage; ont amené dans le monde rural de cette époque une effervescence ana- logue à celle qui se produisait dans les villes. La seconde moitié du x1ve siècle et à un moindre degré, la première moitié du xve ont été marquées par des soulèvements, le plus souvent sans programme, Sans unité, sans direction, simples manifestations anarchiques et sanglantes des gouf- frances et des haines populaires. Tel est en particulier le caractère de la fameuse révolte des paysans français, de ces Jacques, que la noblesse qui les méprisait et les raillait, poussa à bout. par ses brigandages. Au printemps de 1358, au moment où le prestige nobiliaire venait d’être atteint par le désastre de Poitiers (1356) les populations rurales du nord de la France, de la Normandie, de l'Ile-de-France, de la Picardie, de la Brie, de la Champagne orientale et du Éoissonnais se soulevèrent, mirent à leur tête un ancien soldat, Guillaume Cale, brûlèrent des centaines de châteaux, promenèrent partout le pillage, l’in- cendie, quelquefois le meurtre, et provoguèrent dans les villes, à Rouen, à Senlis, à Amiens, à Meaux, à Paris même les sympathies de la petite bourgeoisie (28 mai- 16 juin). D’après Froissart, 100.000 hommes auraient pris tes armes, mais les-payysans écrasés à Meaux et à Clermont- sur-Oise par la noblesse retombèrent dans leur misère. Les classes aristocratiques se vengèrent en exécutant de sang- froid 20.000 malheureux et en écrasant d’amendes les villa- ges rebelles. La J acquerie ne semble avoir formulé aucune revendication précise. TI en fut de même, vingt ans après de la révolte des Tuchins qui S'étendit depuis la Haute- Italie jusqu’au Plateau central de France et au Poitou, mais dont, le principal foyer fut le Languedoc. Paysans et ouvriers firent cause commune, organisèrent dans la prousse et les bois une sorte de guerilla qui dura six ans (1379-1385), maltraitèrent quiconque n’avait pasles mains