412 LA FIN DU MOYEN AGE lèges. Les conditions de la vie matérielle s'étaient encore améliorées, sinon sous le rapport du logement et de l’ameu- blement, du moins sous ceux de l’habillement et surtout de la nourriture, qui était abondante et même plantureuse dans les campagnes anglaises, flamandes et rhénanes. L’un des indices les plus frappants de cette prospérité des campagnes fut, dans ces zones privilégiées, la prompte reconstitution des populations. L°Italie, ce « moult bel et plaisant pays», atteignit, entre 1450 et 1500, à neuf ou onze millions d’âmes, dont le tiers pour les Deux-Siciles, plus d’un tiers pour la Haute-Italie, un dixième pour la Toscane. Les États castillans comptèrent 7 millions et demi d’habi- tants, la Catalogne et le Roussillon 300.000, toute la pénin- sule ibérique 10 millions environ. Les Pays-Bas du Sud, dont l admirable fertilité et l’aisance frappaient tous les regards, eurent plus de 3 millions d’âmes, dont moitié dans les Flandres et le Brabant. L’Angleterre retrouva les 2 mil- lions et demi d’habitants qu’elle avait avant la peste noire, et ses populations rurales figurèrent parmi les plus aisées d'Occident. Tandis que la Bohême pendant les guerres hussites perdait un demi-million d’âmes sur trois, l’Aile- magne au XVv° siècle en eut peut-être 12 millions et ne devait plus connaître pendant trois cent cinquante ans une pareille prospérité. Le progrès de cette partie de l’Occi- dent suffit à conserver à l’Europe occidentale la suprématie économique qu’elle avait conquise auparavant dans le domaine du travail rural. C’est là que devait, dans les temps modernes, se con- tinuer l’évolution qui avait peu à peu tranformé le sort des classes laborieuses d’une manière si profonde, et dont la naissance et les progrès sont peut-être les événements capitaux de l’histoire du moyen Âge.