CONCLUSION L'histoire du travail au moyen âge avait commencép ar ane crise bien plus terrible que celle qui marqua la fin de cette longue période. Celle-ci n’était qu’un accident de croissance, tandis que l’autre faillit être un arrêt complet de développement dans la marche de la civilisation. Les invasions barbares déchaînèrent un véritable désastre. En deux cents ans, l’édifice ordonnée de l’empire romain et chrétien, à l’abri duquel le travail avait grandi et prospéré, fut renversé de fond en comble en Occident et sapé d’une manière formidable en Orient. Les ruines s’accumulèrent ; l’anarchie remplaça l’ordre , le règne de la force, celui de la loi ; la production sous toutes ses formes fut arrêtée, le trésor de richesse accum ulé par les générations antérieures fut gaspillé ; le progrès économique et social enrayé. Une œuvre de destruction aveugle fut accomplie par ces Bar- bares, dont la seule influence utile fut de provoquer une réaction salutaire parmi les élites qui conservaient la tra- dition et le dépôt de la civilisation. C’est en Orient qu’elles reprirent l’œuvre de Rome. L'empire byzantin, opposant à la barbarie une barrière longtemps infranchissable, ramena les populations à la terre, donna à la colonisation, au commerce et à l’industrie un essor prodigieux, rouvrit les sources de la richesse, abolit l’esclavage, fixa les hommes au sol, ralluma le foyer des lamières. Il conquit en quatre siècles à la vie civilisée, les populations barbares de l’Europe orientale, et il servit d’éducateur à l’Occident, à demi retombé dans la barbarie. L’Occident lui-même entreprit une tâche