116 LA FIN DU MOYEN AGE momentanée de la main-d’œuvre. L'unité primitive des classes urbaines s’altère de plus en plus. La formation ou les nouveaux progrès de la bourgeoisie capitaliste, du grand commerce, de la grande industrie, accélèrent la pro- duction industrielle et les échanges, mais contribuent à poser les redoutables problèmes du salariatet du paupé- risme. Les patrons et les compagnons séparent leurs inté- rêts, opposent syndicat à syndicat. La lutte des classes sévit dans les villes, où des révolutions éclatent, qui ont pour but, tantôt le redressement des abus-de l'autorité, lantôt la conquête du pouvoir, tantôt une rénovation sociale. Elles s’éteignent peu à peu ; le pouvoir central réta- blit l’ordre ; dans une partie de l’Europe, la hausse des salaires et l’essor de la richesse permettent aux masses, aux petits patrons et aux ouvriers de conserver ou de recouvrer la prospérité de l’époque précédente. En même temps, la colonisation argicole, arrêtée dans an certain nombre de régions, troublées par la guerre ou l’anarchie, se poursuit dans d’autres. L'activité de la production est orientée parfois vers de nouvelles voies. Le sol achève de passer aux mains de l'Etat, des grands propriétaires, de la bourgeoisie, et même pour une petite part à la classe des paysans, tandis que la classe féodale s’appauvrit et que celle des tenanciers censitaires est évincée partiellement de la jouissance de la terre. Les nouvelles formes de l’exploitation, entre- prise agricole ou fermage, association ou métayage, loca- tion de main-d’œuvre ou salariat rural, prennent une cer- taine extension. Le servage, qui s’éteint dans la partie la plus civilisée de l’Europe, se reconstitue dans l’autre. Le prolétariat etle paupérisme apparaissent dans les campa- gnes. Des jacqueries, révolutions aveuglss de la misère ou tentatives violentes de transformation sociale, éclatent de divers côtés, manifestations incohérentes et sans issue du malaise des classes rurales. Cependant le calme reparaît. Dans les régions privilégiées de l’Occident, la prospérité